jeudi 16 décembre 2010

L'Éclipse d’une nuit d’hiver se poursuit - troisième extrait

Chers lectrices et lecteurs,

Notre coup de projecteur sur Eclipse d'une nuit d'hiver se poursuit avec un troisième extrait.

Bonne lecture,
Riffle noir.


Eclipse d'une nuit d'hiver
Extrait


Quand Jasmina s’éveilla, elle devina assez vite que le skaï du siège avait été troqué contre le coton d’un lit et le velours gris du plafonnier contre les murs blancs d’une chambre. Il lui semblait que sa conscience venait à l’instant de quitter sa main en appui sur le levier de vitesses. En considérant son bras piqué d’une perfusion, elle conclut que le laps de temps écoulé relevait d’une quantité de quarts d’heures et non d’une poignée de secondes. L’image agressive de la scène que reproduisait maintenant en vrac son cerveau ouaté contrasta nettement avec le calme apparent de ses artères. Dans de telles circonstances, un premier réflexe consiste d’abord à procéder à l’inventaire de son propre corps. Sa main restée libre caressa ses deux seins, glissa du ventre jusqu’au pubis, certifia la présence des deux jambes, puis échappant de l’emprisonnement du drap tâta les différentes parties de son visage qu’elle devina aussitôt bandé à la façon d’une momie. La pression lui donna la conviction que le menton, la bouche, les joues se trouvaient comme sous une anesthésie locale. Une frayeur soudaine  modifia le rythme de son pouls. Elle se revit projetée vers l’avant. Merde ! elle avait complètement zappé après l’épisode de la Piscine la ceinture de sécurité. Elle réentendit au même moment les paroles sages de Boutros qui l’invitait depuis quelques mois à changer de voiture. Sa vieille carriole fétiche qu’elle affectionnait par sentimentalisme désuet n’était bien sûr pas équipée d’airbag. Tout en elle s’agitait. À coup sûr elle était maintenant défigurée, sa vie fichue. Quelques éclairs et tout bascule. Une angoisse douloureuse lui donna la sensation de se faire passer la gorge dans un étau. Elle revit quelques bribes de scènes entre la foule, les pompiers, l’ambulance, le goût de sang dans la bouche, ses murmures presque muets j’ai mal puis la voix rassurante d’un infirmier qui lui administrait de la morphine, l’endormissement sans doute sous l’effet de la substance. Tout était allé si vite. Elle chercha de façon hasardeuse de quoi appeler, de quoi sonner, de quoi être fixée sur-le-champ. À cet instant précis, la porte s’ouvrait laissant filtrer l’ombre protectrice d’une blouse blanche.


à suivre, ces jours-ci, un 4e et dernier extrait...




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