lundi 28 mars 2011

On s'enfonce un peu plus dans Faute de vérité...

Après nos trois extraits et la présentation de l'auteur, Riffle noir vous propose d'avancer un peu plus au coeur du numéro 9 de sa collection.

Localisation de l’action 

Lieux:  Bagnolet en Seine-Saint-Denis
        Quesnoy-sur Deûle dans le Nord

Années: aller-retour entre 1977 et 2004





Dans les méandres de Faute de vérité 

Toussaint 2004: Au cours d’une opération de surveillance en Seine-Saint-Denis, le lieutenant de police, Charles Klapa est grièvement blessé. Lors de son séjour à l’hôpital, ce dernier prend conscience de la distance qui s’est peu à peu installée entre lui et sa famille, originaire du Nord.

Durant la lourde opération chirurgicale, une des sutures saute, et tandis qu’il se vide de son sang, il est l’objet d’une étrange hallucination: Anaïs, sa nièce chérie âgée de neuf ans, lui  apparaît aux côtés d’une autre fille aux traits disgracieux, Véronique, assassinée vingt-sept ans plus tôt dans la maison mitoyenne de celle de Charles, le soir de Noël. Les deux fantômes proposent un marché au policier: sa vie sera sauve s’il s’engage à retrouver le véritable meurtrier de sa petite voisine… 

Réveillé à temps, sauvé de justesse, Charles décide de tenir parole. Il tente de reconstituer de la manière la plus précise possible les événements qui ont abouti à la mort de Véronique. Officiellement, c’est le grand-père de la jeune fille qui l’a tuée dans un accès de colère alcoolisée. Mais rapidement, Charles se rend compte que l’enquête comme le procès ont été bâclés, joués d’avance grâce aux aveux du grand-père

L’état de Charles s’améliore. Il quitte l’hôpital et accepte l’invitation de ses parents à passer le reste de sa convalescence chez eux, à Quesnoy, le village où Véronique a été tuée

A peine arrivé, il s’aperçoit que son père, victime de sclérose en plaques depuis plusieurs années, ne se déplace plus qu’en fauteuil. Il comprend également que le mariage de son frère avec la mère d’Anaïs, Isabelle, ne tient plus qu’à un fil… Et comme une tuile ne vient jamais seule, la fusillade au cours de laquelle Charles a été blessé fait l’objet d’une enquête de l’inspection générale des services. 

Malgré tout, Kapla essaie tant bien que mal de tenir  parole et se lance à la recherche d’éléments nouveaux concernant ce meurtre vieux de vingt-sept ans. Au gré de ses recherches, il rencontre, Agnès Seiler, une avocate ; Maron, un ancien journaliste de la Voix du Nord reconverti en bistrotier… Et retrouve l’un de ses amis d’enfance, Théo Castel, devenu médecin. Il doit aussi affronter les reproches de ses parents qui ne le trouvent pas assez concerné par les soucis de la famille et s’agacent de cette obsession pour une affaire oubliée de tous. 

Mais le fantôme de Véronique se fait de plus en plus pressant et les éléments recueillis commencent à dessiner une vérité bien éloignée de la version officielle

Malheureusement, Charles et sa famille sont frappés au cœur par un terrible accident: Anaïs se retrouve dans le coma. Mais se pourrait-il que les heures passées au chevet de la fillette l’aident à découvrir ce qui s’est réellement passé vingt-sept ans plus tôt ? 


Personnages: où est la vérité?


Charles Klapaszewski (Klapa pour tout le monde, Charlot pour sa mère): lieutenant de police au sein de la sûreté départementale de Seine-Saint-Denis. Âge: 38 ans (11 ans en 1977)
Signe particulier: narrateur de l’histoire.

Serge Thorel: la cinquantaine, lieutenant de police parisien.
Signe particulier: prototype même du flic blasé.

Véronique: jeune voisine de Charles Kapla à Quesnoy-sur-Deûle en 1977.
Signes particuliers: victime... Particulièrement agaçante.

Fayçal Lebtahi: inspecteur à l’inspection générale des services.
Signe particulier: ami fidèle de Charles.

Agnès Seiler: avocate ayant succédé à Maître Malbranque qui a assuré la défense du grand-père et meurtrier de Véronique en 1977.
Signe particulier: peu bavarde

André Maron: bistrotier et ancien journaliste pour la Voix du Nord.
Signe particuliera la mémoire vive.

Monsieur Meulenaere: marchand de jouets à Quesnoy en 1977.
Signe particulier: passé trouble.

Aimé Girard: grand-père de Véronique, voisin de Charles lorsqu’il était enfant, condamné pour le meurtre de Véronique
Signe particulier: innocent.



mercredi 23 mars 2011

Qui est Olivier Hennion?




Faute de vérité est le neuvième titre de la collection Riffle Noir. Olivier Hennion en est l'auteur. Alors qui se cache derrière ce numéro 9? Nos services vous révèlent aujourd'hui l'identité du responsable de ce nouveau polar.




Identité:
Nom: HENNION
Prénom: OLIVIER
Âge: 41 ans
Situation familiale: marié, deux enfants.
Profession: journaliste à la Voix du Nord depuis 1996, il travaille au bureau de Roubaix depuis 1998. 

Originaire du Nord, il a vécu une dizaine d'années à Quesnoy-sur-Deûle, lieu des aventures de Charles Klapa (héros et narrateur de Faute de vérité) et de la famille de ce dernier.

Références littéraires:
Olivier Hennion oriente ses lectures vers deux univers fort distincts : le roman noir américain et anglo-saxon (James Ellroy, Ian Rankin, Michael Connelly...) et les écrivains sud-américains et caribéens (Garcia Marquez, Sepulveda,...). 

Passé littéraire:
Vierge. Faute de vérité est le premier roman d'Olivier Hennion. 

Motivation de l'auteur:
A l'origine, Faute de vérité devait s'appeler Vengeances tardives... Un titre déjà déposé... L'histoire de Charles Klapa et la succession de flash-backs (Faute de vérité se situant, dans le temps, en 2004 avec des retours en 1977) sont nées de la fusion de deux projets d'écriture: un récit d'enfance et un polar plus classique basé sur le retour d'un officier de police dans la ville de sa jeunesse.


jeudi 17 mars 2011

La cause littéraire: chronique du 2e polar de Richard Albisser


Éclipse d'une nuit d'hiver a été chroniqué dans le web-journal La Cause Littéraire (www.lacauselitteraire.fr


Voici quelques extraits de ce retour de lecture signé Murielle Lucie Clément.





L'intégralité de la chronique peut être lue sur www.aventurelitteraire.com en cliquant ICI 




"Richard Albisser entrecroise plusieurs enquêtes dont la chute sera grandiose."
(...) 
"Albisser place son intrigue dans un contexte social qui sonne vrai et profite des réflexions de ses personnages pour faire la critique de la société actuelle :

« Le matin du 15 février, après une nuit agitée, il avait un peu appuyé sur le vin, Drassir s’était jeté hors de la couette non sans une certaine détermination. Il aurait dans la journée des informations du côté de Tarière. Il ne lâcherait pas le type du bistrot, il le collerait à la culotte, il en faisait un point d’honneur. Il ajusta un café serré, une nouvelle Senseo en promo, la précédente n’aurait de toute façon pas tardé à lâcher au niveau de la pompe. Du jetable, rien que du jetable, c’était comme ça, on avait lâché prise depuis trop longtemps… Les rasoirs, les briquets, les cafetières, les montres : la salle de bains, le fumoir, la cuisine et les poignets abondaient d’objets à l’existence réduite au « billet-rythme » des fabricants »."
(...)
"Dans Eclipse d’une nuit d’hiver, Richard Albisser offre de belles surprises à ses lecteurs où le marasme économique n’est pas rendu responsable de toutes les incuries sociales, du système policier à la justice, mais où les dysfonctionnements sont passés à la loupe avec humour."
 Murielle Lucie Cément, le 6 mars 2011


mardi 15 mars 2011

Faute de vérité: troisième extrait!


Retour en arrière pour ce 3e extrait de Faute de vérité. Vous voici en décembre 1977 dans la boutique de Monsieur Meulenaere, toujours à Quesnoy-sur-Deûle, où le narrateur et flic du polar, Charles Klapa ré-explore une partie inquiétante de son enfance.







Extrait III

Quesnoy-sur-Deûle, mardi 22 décembre 1977

   Monsieur Meulenaere aimait bien les enfants. Il n’était pas rare qu’il nous fasse cadeau d’une pochette Panini, d’une sucette ou d’un petit porte-clefs . Il lui arrivait également de vendre à 40 centimes un article qui en valait 50... Mais il ne fallait pas abuser.

   – Je vais prendre dix pochettes Panini ! a proclamé Théo en posant son billet de dix francs sur le comptoir.

   – Tu as bientôt fini ton album ? a demandé monsieur Meulenaere.

   – Il me manque une quinzaine de joueurs de première division et une douzaine en deuxième division.
   – Tu viendras me le montrer lorsqu’il sera terminé ? Je crois que tu seras mon premier client à en venir à bout cette saison.
   Nous avions reçu un album Panini vierge en nous inscrivant au club de foot, à la rentrée. Certains ne s’en préoccupaient qu’épisodiquement, mais Théo se faisait un devoir d’acheter les vignettes représentant tous les joueurs de tous les clubs du championnat de France. Son père finançait les acquisitions de son fils en cachette de sa femme qui jugeait ce genre de collection puérile. Je m’étais pris au jeu dans le sillage de mon ami, mais mes moyens étaient plus limités. Lorsque nous avions des autocollants en double, nous les échangions avec d’autres collectionneurs contre les vignettes manquantes, les triples allaient enrichir l’album de Noël.
   J’ai posé à mon tour une pièce de un franc sur le guichet.
   – Deux pochettes pour moi s’il vous plaît.
  Monsieur Meulenaere a fait glisser vers moi trois pochettes jaunes de six vignettes en m’adressant un clin d’œil. Après l’avoir remercié, j’ai rejoint Théo qui arpentait les allées surchargées du coin de la boutique réservé aux jouets.
   Il avait jeté son dévolu sur un gros camion de pompiers rouge, dont l’échelle montait et descendait automatiquement grâce à une commande placée sur le côté du véhicule. On pouvait également faire avancer le camion en enclenchant une petite manette sur l’avant. Une sirène stridente accompagnait chaque mouvement du jouet.
   – Il te plaît ? a demandé monsieur Meulenaere. C’est le dernier, je peux te le réserver si ton père s’engage à l’acheter.
   – C’est pas mon père, répliqua Théo. C’est mon parrain. Il m’a donné carte blanche. Je crois que je vais le prendre.
   – Il coûte cent cinquante francs, a annoncé le commerçant. Tu devrais peut-être en parler à ton parrain avant ?
   Théo a hoché la tête sans quitter le camion des yeux.
   – Il fonctionne avec quatre grosses piles, a repris Meulenaere. Il y en a pour trois francs quatre-vingts. Tu t’en souviendras ou tu veux que je le note ?
   Un hurlement a soudain résonné dans le magasin, suivi d’un autre, puis d’un troisième.
   Théo et moi sommes restés figés au milieu des jouets tandis que monsieur Meulenaere avait filé en direction du fond du magasin.
   La voix du commerçant nous provenait désormais par bribes. Il parlait à voix basse mais semblait essoufflé.
   – Calme-toi... non ! Reviens ! Là, on va remonter... C’est tout...
   Des grognements étouffés ponctuaient chaque mot. Nous nous sommes avancés vers la partie librairie afin de voir ce qu’il en était.
   J’ai passé discrètement la tête entre deux présentoirs chargés de magazines et vu monsieur Meulenaere aux prises avec un homme corpulent qui se débattait mollement. Le commerçant tentait de reconduire l’autre vers l’arrière boutique, mais ne parvenait pas à briser sa lourde résistance. Tout en lui parlant doucement à l’oreille, sans jamais relâcher son étreinte, monsieur Meulenaere est finalement parvenu à calmer le gros bonhomme et à le ramener derrière la porte vitrée. Nos regards se sont croisés juste avant qu’il referme la porte. Ses lunettes étaient tombées, ses cheveux blancs ébouriffés.
   Monsieur Meulenaere est revenu dans la boutique, quelques minutes plus tard.
  Il a inscrit consciencieusement le nom de Théo dans un grand cahier qu’il rangeait sous le comptoir, puis griffonné le prix du camion de pompier et des piles sur un bout de papier qu’il a tendu à mon ami sans un mot. Il avait l’air désemparé, presque en colère et s’efforçait de ne pas nous regarder en face.

Bientôt vous en saurez plus sur l'auteur lui-même et sur ses personnages!

à suivre...


 Le premier extrait est à lire >>>> ICI

Le second extrait est à lire >>>> ICI 

 

lundi 14 mars 2011

photos de famille



Les auteurs du Riffle étaient ce week-end
au
13e salon du livre de Bondues


les voici ci-dessous en deux dimensions!




de gauche à droite:
Richard Albisser (tout au fond) et Dirck Degraeve (deux multi-récidivistes Riffle noir), André Soleau (qui signe dans la collection Le Riffle) et Olivier Hennion (notre n°9 )


On prend les même
et on échange un Albisser et un Dirck pour un Moslonka (tout à droite)!


Et dans les coulisses...
Marie-Anne Rhumeur, infographiste qui a mis en page les 3 récentes publications du Riffle (Le monde comme il va, Faute de vérité et La fileuse d'ombre)

samedi 12 mars 2011

13e salon du livre de Bondues ce week-end!


Les auteurs Riffle noir
sont ce samedi et dimanche

au



avec

Richard Albisser
(Fou contre tourEclipse d'une nuit d'hiver)
présent les deux jours


Dirck Degraeve
(Passé mortelMarais noir)
présent les deux jours

Michaël Michaël Moslonka
(À minuit, les chiens cessent d'aboyer)
présent le dimanche au matin

ainsi qu'Olivier Hennion pour Faute de Vérité!

mercredi 9 mars 2011

Parutions de mars: du 9 dans les collections du Riffle!

À présent disponible chez votre libraire 
(ou en commande sur le site du Riffle: www.leriffle.fr )

Le n°9 de notre collection Riffle noir

Faute de vérité d'Olivier Hennion





Sortie également ce jour, le roman d'un récidiviste Riffle noir: Dirck Degraeve (Passé mortel - Riffle noir N°2 / Marais noir - Riffle noir n°6)

La fileuse d'ombre

ça se lit dans dans la collection grand format Le Riffle








mardi 8 mars 2011

Faute de vérité: un deuxième extrait

J-1 avant la parution de Faute de vérité !


En attendant de retrouver ce n°9 de Riffle noir chez votre libraire, voici un second extrait avec Charles Klapa, narrateur et lieutenant des Stups, de retour dans le Nord à Quesnoy-sur-Deûle.


Extrait II
Quesnoy-sur-Deûle, jeudi 23 décembre 2004


 On ne devrait jamais revenir sur les lieux de son enfance. Surtout quand on a l’impression d’avoir été heureux. Ça vous déprime plus sûrement que la hausse du prix du pétrole et le déficit de la balance commerciale réunis. Le temps qui passe vous y guette, sournoisement planqué derrière une maison délabrée, une façade ravalée, des noms de rue modifiés...
    Je n’étais plus retourné à Quesnoy, dans le centre du village s’entend, depuis une quinzaine d’années. Au début de l’été 1990, j’avais aidé mes parents à déménager, à quitter la maison de la rue Verte. Ils s’étaient laissés séduire par une construction neuve dans un petit lotissement coquet recroquevillé autour d’une voie privée, légèrement à l’écart du village. Geoff venait à son tour de s’échapper du nid familial, et papa avait décidé qu’il lui fallait un petit bout de jardin pour ses vieux jours. Sans surprise, la mairie avait fait jouer son droit de préemption pour racheter notre vieille maison afin de la raser. Les deux rangées de baraques ouvrières étaient condamnées de longue date, sacrifiées sur l’autel de la civilisation des loisirs. Elles seraient bientôt remplacées par un espace vert orné de jeux sécurisés pour les enfants du village.
    Seulement voilà, rien ne se passe jamais comme prévu. Papa avait déclaré une sclérose en plaques deux ans à peine après avoir emménagé dans sa maison avec jardin, le nouvel espace vert municipal était devenu en quelques mois le lieu de rendez-vous nocturne de toutes les racailles du village, et moi j’avais attendu d’être à demi mort pour trouver le temps de revenir voir mes vieux parents.
  Geoff avait raison. Durant toutes ces années d’éloignement, je m’étais construit une image bien commode du bonheur quotidien des membres de la famille. J’avais tricoté moi-même les œillères qui m’avaient permis de vivre avec la certitude que tout allait pour le mieux, que rien n’avait changé. Et tout ça me pétait à la gueule aujourd’hui, avec les intérêts sur vingt ans.
Dernier exemple en date, mon transfert de la région parisienne vers Quesnoy. Un vrai cauchemar. J’avais été installé à l’arrière de la voiture de Geoff, une Volkswagen Passat, spacieuse, confortable. Isabelle était à l’avant, sur le siège passager. En un peu moins de deux heures de route, ils n’avaient pas échangé un mot, ni un regard. L’angoisse absolue, l’incommunicabilité des couples en crise en pleine action. Et moi qui les avais emmerdés avec mes petits soucis lorsque Caroline avait plié bagage...
    L’arrivée à la maison n’avait guère été plus glorieuse. Maman m’avait préparé la chambre d’amis, en bas. À peine le temps de poser mes sacs et je m’étais retrouvé face à mon père en chaise roulante. Il m’avait souhaité la bienvenue, avec un sourire un peu forcé. J’étais resté muet, comme un con. Depuis combien de temps était-il dans cet état ? Il était venu me voir deux fois à la Salpêtrière, et il tenait debout à ce moment-là.
    Le soir, maman m’avait expliqué que ses deux visites à l’hôpital étaient les dernières sorties qu’il avait pu effectuer sur ses jambes. « Tu connais sa fierté ».
Mardi à la première heure, j’avais appelé Théo Castel, le docteur Castel plus précisément, pour qu’il m’indique un kiné susceptible de mener à bien la suite et la fin de ma rééducation. Sa secrétaire m’avait inscrit sur la liste des consultations de fin de matinée. Les retrouvailles avaient été assez protocolaires. Nous nous étions perdus de vue depuis plus de quinze ans, et je dois reconnaître que nous avions vécu cet éloignement sans regret excessif. Théo n’avait pas beaucoup changé : petit, presque fluet, il dégageait cependant toujours cette incroyable énergie positive, dès le premier coup d’œil.
  Vers la fin de la consultation, l’atmosphère s’était détendue. Théo avait abordé des thèmes dépassant largement le cadre médical. Il m’avait avoué être revenu à Quesnoy depuis un peu plus d’un an pour oublier un mariage raté et se rapprocher de son père chez qui on avait décelé un cancer de la prostate. Il avait repris de mauvaise grâce le cabinet familial. Son truc à lui c’était la médecine d’urgence, les interventions avec les équipes du SAMU ou du SMUR. Il comptait bien s’y replonger dès que tout ça serait terminé. Je m’étais livré aussi, un peu. Nos parcours étaient finalement assez similaires. Il y avait beaucoup de points communs entre un flic des stups et un médecin urgentiste de trente-huit ans : la solitude, la dépendance à l’adrénaline, l’incapacité à poser les valises.
    Il m’avait dirigé vers le meilleur kiné de Quesnoy, en plein centre du village, et je m’étais engagé à l’inviter au restaurant, un de ces soirs...
   Ma mère me réveilla ce matin-là avec un luxe de précautions auquel je n’avais pas été habitué durant mes séjours hospitaliers.
   – Charlot, c’est bien 9 heures ta séance de kiné ?
   – Quel jour ? Jeudi c’est ça... J’arrive, merci, bredouillai-je en sortant la tête de sous la couette.
  Je me douchai et m’habillai en vitesse. Elle m’avait préparé un petit déjeuner copieux. J’éprouvai une certaine gêne face à l’abondance d’attentions qu’elle me témoignait, mais j’avais peur de la blesser en lui demandant d’en faire un peu moins. La tasse vide et les miettes de biscotte du petit déjeuner de mon père traînaient encore sur le coin de la table. J’étais le dernier client du service du matin.
   Pour l’instant, je n’étais pas encore autorisé à conduire. Ma mère se chargeait de me transporter aux quatre coins du village. J’avais évoqué la possibilité de faire appel à un taxi, mais elle s’y était très fermement opposée. « Tu vois bien que ça ne me dérange pas ! » Je faisais semblant d’y croire.
  Ce matin, elle devait passer chez le boucher et le boulanger pour prendre possession de ses commandes du réveillon. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle aurait ses deux fils à la maison le soir de Noël. Je percevais dans chacun de ses gestes un mélange d’excitation et de crainte. Elle n’ignorait rien des tensions entre Geoff et Isabelle.
  Elle me déposa chez le kiné, dans une petite rue derrière la mairie. L’essentiel du travail de rééducation concernait les fonctions motrices et la ceinture abdominale. Pour ce qui est de la marche, je n’éprouvais plus aucune difficulté. J’avais traîné dans le village durant plus d’une heure la veille. Du côté du thorax, c’était plus délicat. J’avais été charcuté dans tous les sens, à tel point que chaque mouvement un peu contraignant réveillait une cicatrice.
   Le kiné n’était pas du genre à forcer le client au-delà du raisonnable. Il me relâcha après une vingtaine de minutes de souffrances.
   Le temps était sec et l’on apercevait même quelques coins de ciel bleu au milieu des enchevêtrements de nuages qui bouchaient l’horizon. Je décidai de flâner un peu avant de rejoindre ma mère. Après avoir traversé la place et contourné l’église, mes pas m’amenèrent vers le bas de la rue Belle-Croix, tout naturellement. J’avais si souvent arpenté ce trottoir aux raccords de bitume et de pavés disjoints...
    La plupart des petits magasins du bas de la rue avaient disparu. Même le café où nous nous retrouvions pour de grandes parties baby-foot avait lâché la rampe. Des rideaux de tulle gris avaient été tendus en travers de la vitrine, on avait descendu l’enseigne, et remplacé la porte vitrée par un solide panneau de bois. Une échoppe de moins, une maison de plus où un vieux commerçant ressasserait jusqu’à la mort son aigreur envers la versatilité des clients et ses regrets éternels de n’avoir pas vu venir l’offensive des grandes surfaces.
    Le magasin de monsieur Meulenaere avait connu le même sort. Le temps avait fait son œuvre : la grande vitrine avait été débarrassée des dizaines d’affiches qui s’y entassaient naguère, et recouverte à la hâte de blanc de Paris. En reculant d’un pas, je constatai que l’enseigne avait disparu elle aussi. Ça n’avait rien de surprenant : Meulenaere avait dû fermer boutique au début des années 90 et personne n’avait eu le courage de reprendre une presse-magasin de jouets en plein village.
à suivre...


Le premier extrait est à lire ICI

  

samedi 5 mars 2011

Faute de vérité: extrait en avant première!

Pour ce premier extrait de Faute de vérité, vous voici en Seine-Saint-Denis. L'action se déroule en 2004 au moment de la Toussaint.

Quant aux protagonistes, vous serez en compagnie de Charles Kapla, flic et narrateur de l'histoire, et de son collègue Serge Thorel: la personnification parfaite du gars usé jusqu'à la corde.






Faute de vérité
Extrait 1

Bagnolet, Toussaint 2004



– Quand même, tu te rends compte ! Toutes ces conneries, tout ce temps perdu, c’est payé par les impôts des honnêtes citoyens !
Il s’agissait des premières paroles de Thorel depuis près de deux heures. Aboyées plus qu’articulées, elles avaient claqué dans le silence de l’habitacle. Rien avant. Rien après.
L’idée qu’il lui avait fallu tout ce temps pour concevoir un tel lieu commun m’effrayait un peu. Je me fis néanmoins un devoir de lui répondre. Au moins pour l’encourager à persévérer.
– Tu sais, si on chope toute la bande et que ça nous conduit à la dope, le contribuable ne sera pas perdant...
Il opina, pas convaincu, sans quitter des yeux la portion visible de la baraque qu’on surveillait de loin depuis plus de six heures.
Massif, mal rasé, le cheveu rare et gras, la mâchoire inférieure légèrement tombante et la bedaine triomphante, Serge Thorel personnifiait à merveille le flic usé jusqu’à la corde. À cinquante ans passés, il enchaînait les planques et les filatures avec un enthousiasme de gardien de musée sous Lexomyl, occupait ses rares heures de temps libre à se saouler et redoutait plus que tout le jour où l’administration le placerait en retraite d’office.
Il avait pourtant été l’un des meilleurs lieutenants de la place de Paris, une vingtaine d’années plus tôt, mais la bouteille avait sapé à la source tous ses espoirs de promotion. Ajoutez à cela une vie privée aussi vide qu’une émission de téléshopping et vous obtiendrez le profil type du gars qui se met une balle en pleine tronche le lendemain de son pot de départ...
On faisait équipe de manière occasionnelle depuis trois ans, sur les affaires placées sous la coupe de la direction de la sécurité publique de Seine-Saint-Denis. En temps normal, il était affecté à la sécurité urbaine, mais se portait invariablement volontaire dès que les Stups, les Mœurs ou les Mineurs avaient besoin d’un coup de main. J’avais fini par m’habituer à sa présence en pointillés, comme un vieux pote qu’on traîne sur le porte-bagages pour dépanner.
Si aujourd’hui ma vocation de policier ne tenait plus qu’à un fil, c’était en grande partie grâce à lui.
Un peu grâce à Caroline aussi.
J’avais trouvé son mot d’adieu posé sur la table au retour du boulot presque quatre mois plus tôt. Un petit bout de papier pour tirer un trait sur deux années de vie commune... Il avait fallu s’en contenter. J’arrivais depuis peu à y penser sans que ça se traduise par des brûlures d’estomac ou des douleurs à la base du cou. Je progressais sur la voie du célibat serein.
Je me souvenais encore presque mot à mot du début de sa lettre « Je ne peux plus supporter cette vie où l’on ne fait que se croiser. J’ai besoin de quelqu’un avec qui partager des projets, un avenir. Je t’ai aimé, mais je sais désormais que cette personne qui peut me rendre heureuse, ce n’est pas toi »...
Et merde, les brûlures qui remontent !
– Il est quelle heure ?
Je jetai un œil à ma montre, tout en me redressant sur le siège de velours élimé pour atténuer les effets de l’acidité gastrique.
– Presque 22 heures...
– Relève à 24 ?
– Ouais. Mercier et Thieffry, je crois.
Thorel acquiesça. Je remarquai qu’il avait laissé ses mains sur le bas du volant depuis le début de la planque. Une telle résistance à l’ennui, ça force l’admiration.
Le portable de service vibra sur la console centrale du tableau de bord. Le numéro du commissaire Chiarelli s’afficha sur l’écran. Il appelait sans doute pour prendre les dernières infos avant de rentrer chez lui. Je décrochai en mode haut parleur pour que mon équipier puisse également bénéficier de la bonne parole.
– Oui commissaire ?
– Alors Klapa ? Rien de neuf ? gloussa-t-il de sa voix de fausset.
– Que dalle ! Vous êtes sûr qu’ils doivent bouger bientôt ?
– Je vous certifie qu’il s’agit d’un tuyau quatre étoiles ! Il va y avoir du mouvement.
– Ben, je vous appellerai à ce moment-là...
– Et Thorel ? Toujours avec vous ?
– Où voulez-vous qu’il aille ? Y a pas un troquet dans le coin !
Sans détourner le regard, le susnommé Thorel tendit vers moi un majeur péremptoire.
– Il vous passe le bonjour commissaire !
– C’est ça ! Allez, au revoir et pas de conneries.
Il raccrocha sans laisser les formules de politesse aller à leur terme.
Thorel et moi échangeâmes un sourire complice. Il fallait reconnaître ça à Chiarelli : il faisait l’unanimité au sein de ses équipes.
– Je vais faire un tour, lâcha abruptement Thorel après quelques nouvelles parcelles de silence.
L’appel du commissaire l’avait sorti de sa torpeur. Il extirpa un paquet de cigarettes sans filtre de sa gabardine, attrapa un briquet au fond du vide-poches envahi de papiers gras et de kleenex usagés, et ouvrit sa portière. Les charnières rouillées de la Renault 19 grincèrent douloureusement, suivies de près et sur le même ton par les amortisseurs qui couinèrent de bonheur lorsque Thorel les libéra de son quintal bien pesé.

À très vite pour un second extrait!

date de disponibilité de Faute de vérité: le 9 mars 2011

mardi 1 mars 2011

En mars, Riffle noir en dédicace ça repart!


Les 12 et 13 mars 2011
13e salon du livre de Bondues (59)


avec


Richard Albisser (Fou contre tour, Eclipse d'une nuit d'hiver): les deux jours


Dirck Degraeve (Passé mortel, Marais noir):
les deux jours

Michaël Michaël Moslonka (À minuit, les chiens cessent d'aboyer): le dimanche au matin


ainsi qu'Olivier Hennion pour Faute de Vérité!


***




Du 18 au 21 mars 2011


Riffle noir sera 
au 
Salon du Livre de Paris, porte de Versailles


auteurs présents:


Richard Albisser(Fou contre tourEclipse d'une nuit d'hiver)
Jean-Paul Fosset (Le Traducteur perd le nord


ainsi qu'André Soleau et Gilles Warembourg




***


Le samedi 19 mars 2011
après-midi dédicace
à la librairie Chapitre d'Arras (62)

pour Michaël Moslonka (À minuit, les chiens cessent d'aboyer)


***

Les 26 et 27 mars 2011
14e salon du Polar de Lens (62)

les auteurs Riffle noir seront présent!



Richard Albisser (Fou contre tourEclipse d'une nuit d'hiver): présent les 26 et 27 mars

Dirck Degraeve (Passé mortelMarais noir): présent le 27 mars

Eric Lefebvre (Sortie Lens-Est, Requiem pour un toubib): présent les 26 et 27 mars

Michaël Moslonka (À minuit, les chiens cessent d'aboyer): présent les 26 et 27 mars après-midi