Après Fou contre tour,
puis Éclipse d'une nuit d'hiver
« Avec cette troisième aventure de son personnage, Richard Albisser a
l'intelligence d'ouvrir portes et fenêtres, d'oxygéner son intrigue
plutôt que de l'étouffer sous le poids du régional et des petites
affaires d'un policier de terrain. Il concilie ainsi le local et le
global avec un talent certain.»
Laurent Greusard - mardi 17 avril 2012
Résumé
Date: septembre 2008
Lieu: versant Nord-Est de Lille
Décor: sur fond de crise financière
Un couple paisible est retrouvé sans vie à son domicile. Les Autorités concluent bien facilement à un suicide.
Jasmina, l'épouse du capitaine Drassir, ne l'entend pas de cette
oreille. Ne serait-ce pas plutôt un acte criminel? Elle s'en ouvre
auprès de son mari qui accrédite par commodité la thèse officielle.
Mais les évènements vont se précipiter et donner raison à Jasmina.
Extrait
Armand
Duponchel était sorti de la salle des fêtes la figure déconfite. Il se rendait
au club à pied car son bureau, tout autant que son domicile, se situaient à
équidistance et à moins d’un quart d’heure de marche de part et d’autre. Dans
son esprit, l’inquiétude avait fortement brouillé les circuits. Les pensées
qu’il formait confluaient toutes vers des impasses et s’il se disait, tiens,
faisons un saut par le bureau, une terrible inanité lui soufflait un vent
contraire ou alors, tiens, passons voir un ami, un tour rapide des
adresses l’amenait soudain à l’évidence qu’il avait tissé au fil des ans des
liens si superficiels qu’au regard de sa situation critique d’aujourd’hui,
aucun des noms qu’il énumérait ne s’associait à ce que le sens commun entendait
par amitié. Quant à rentrer chez lui, ça lui était décidément impossible.
Sylviane le harcèlerait aussitôt car depuis lundi, il lui avait entrouvert les
yeux sur l’abysse dans lequel le destin les précipitait. Il composa pour la
vingtième fois le numéro d’Adelfi et pour la vingtième fois une annonce froide
qu’il connaissait par cœur lui renvoya l’image de son vide sidéral. Alphonse
l’avait informé il y a une semaine qu’il ne le couvrait pas dans les positions
qu’il prenait. C’est trop risqué en ce moment, lui avait-il dit, renonce !
Duponchel avait en effet de longue date fomenté un plan qui se voulait être un
gros coup. Il avait depuis un an et demi ourdi une trame implacable de
sorte à faire tomber les échéances de primes de tous ses clients au 31 août. Il
avait même mis la pression pour que les règlements arrivent au plus tard la
première semaine de septembre. Il fallait toujours se méfier des retardataires
ou de ceux qui tiraient sur la corde. Sa trésorerie atteindrait ainsi un niveau
maximum. Pensez donc : deux millions d’euros, ça faisait un joli paquet.
Par un jeu d’écritures dans lequel il excellait pour pratiquer le métier depuis
vingt-cinq ans, il ne reverserait les primes déduites de son commissionnement
que le 20 septembre. Il avait donc placé sur un support court terme l’ensemble
des fonds. S’il en retirait le bénéfice escompté, il pouvait sans problème
partir le lendemain pour une retraite définitive. La routine du boulot commençait
sérieusement à l’ennuyer. À quarante-neuf ans, l’idée de prendre la quille ne
lui déplaisait pas. Sa spéculation s’était ainsi donné des airs de Bahamas
longue durée. Bien sûr, c’était dangereux mais bon sang, il fallait tenir
quoi ? Dix jours ? Les marchés étaient porteurs depuis la
dégringolade de 2001 ; l’entrée des troupes américaines en Irak les avait
fait repartir comme un seul homme à la hausse. Bon, il y avait eu le pic de
l’année dernière à presque 6000 mais le CAC au plus haut à 7000 points, il
fallait définitivement oublier. L’indice phare de la place de Paris avait
replongé récemment à un peu moins de 4000, un support qui deviendrait un
plancher qu’il ne serait pas près de crever et il retrouverait le niveau de
5000, c’était sûr, voire il le dépasserait, c’était probable. Il y avait encore
1000 points à parcourir, cela faisait une sacrée marge qui demanderait deux ou
trois trimestres pour être comblée. Alors dix jours, nom de dieu !, pour
assurer un joli magot à ceux qui en avaient… Dix petits jours seulement !
Puis ce fut le coup de semonce lundi
après-midi. La faillite d’une banque vieille de plus de cent cinquante ans, un
établissement qui avait aidé au développement du coton américain, du chemin de
fer vers l’Ouest, qui avait passé la tourmente de 29, qui avait participé au
boom mondial des téléviseurs, bref une institution, se rangeait sous le coup du
fameux article 11. Décidément, le 11 en matière de finances portait
malheur ! Un oiseau de mauvais augure… Chute brutale et vents de panique.
Armand, en dépit des avertissements
d’Alphonse, s’était dit que le banquier ne les mettrait pas à exécution ;
ils se connaissaient depuis plus de trente ans. Mais il aurait au moins aimé le
lui entendre dire. Une mauvaise passe, se rassura-t-il avec la piètre foi
de celui qui se ment ! Il passa devant le distributeur de billets du Crédit
Artésien et fut pris d’un haut-le-cœur. Aussi entra-t-il dans le café de
l’Étoile en se disant qu’un bon cognac lui remettrait les idées en place.
Un puis deux puis trois… la bouche sèche, il commanda un demi dont il équilibra
le nombre comme une écriture comptable. En général, il supportait assez mal
l’alcool et la brume de l’ivresse l’incitait à élaborer des plans farfelus. Il
trafiquerait les contrats et il lui resterait à prier pendant un an que les
clients n’aient pas de sinistres. Il se fit remettre un whisky, un double bien
tassé, un dernier puis il verrait…
à suivre...
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