samedi 7 mai 2011

Femmes fatales d'Éric Lefebvre

Dans l'univers du polar, la femme, fatale par définition, a une place indéniable. Éric Lefebvre (auteur de Sortie Lens-Est et de Requiem pour un toubib où la femme fatale est journaliste et s'appelle Miss Vanpeper) lui rend hommage avec un poème intitulé Fatale.

Son titre fait référence au livre de Manchette Fatale qui met en scène une tueuse à gage. Il y a d'ailleurs une autre héroïne de polar qui s'est glissée entre ces lignes, à savoir Peggy Ann, la psychotique des seins de glace de R. Matheson.

 

 

Fatale

1ère partie


PEGGY ANN

Peggy Ann m’accueillit, nue sur la véranda
Le noir de son pubis tranchait sur sa peau blanche
Ses petits seins pointaient prêts pour la corrida
Pourquoi n’ai-je- pas vu le rasoir sur sa hanche ?

VÉRONIQUE

Chaque jour au chevet d’un mari moribond,
Dans tout le voisinage, on prétend tout de bon
Qu’il n’y a pas plus dévouée que Véronique
Qui soigne son amour, oui, mais à l’arsenic !

SALOMÉ

Avec son air mutin de grande sauterelle,
Sa mine effarouchée de chaste demoiselle,
Salomé me séduit et j’en fit mon amante,
Mais découvrit trop tard ses appétits de mante.

NINA

On dit que le premier se noya dans son bain,
Que le second, mal digéra ses champignons,
Qu’un autre encore eut une attaque en Avignon,
Que le prochain… Il épouse Nina demain !

SABINE

On croise son regard, on est déjà perdu,
Captivé, envoûté, on se retrouve tel
Tantale convoitant de doux fruits défendus ;
Sabine est un poison, délicat, mais mortel.

ELSA

Ce soir, la lune est pleine de rage et je vais,
Enivrée de la nuit, hurler aux vents mauvais
Et courir la forêt en meute misanthrope.
Je vous hais, foi d’Elsa, car je suis lycanthrope !

AIMÉE

Aimée, c’est la grâce tranchante du rasoir,
La mort qui éblouit sans un cri dans le noir.
Inutile de fuir, que le diable t’emporte !
Implacable, elle attend que tu ouvres la porte !

ANGÉLIQUE

Angélique n’a des anges que l’apparence,
Et ne pas le savoir fut bien là ma malchance,
J’appris à mes dépens que tout ange est terrible,
Car ma fin fut particulièrement horrible




à suivre...

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