dimanche 19 décembre 2010

Éclipse d'une nuit d'hiver: un dernier extrait!

Chères lectrices, chers lecteurs,

L'éclipse d'une nuit d'hiver de Richard Albisser se termine... sur un dernier extrait.

Bonne lecture,
Riffle noir.


éclipse d'une nuit d'hiver
extrait

   
Sa situation n’autorisait pas loin s’en fallait une quelconque déposition. Comment faire savoir qu’elle avait été agressée et que c’était suite à cette émotion qu’elle avait eu ce fichu accident ? Comment raconter son état après la lecture du décès de Bruno Valet ? La visite d’André Mendus d’il y a dix jours l’avait déjà un peu troublée, maintenant qu’elle essayait de recomposer une succession antérieure d’événements. Sa langue gonflée et tout endormie ne lui permettait que quelques onomatopées un peu sourdes. Demain peut-être pourrait-elle articuler quelques mots. En attendant, on lui avait mis dans le tiroir un bloc-notes et un stylo, ceux-là mêmes qui se trouvaient dans son sac à main. On s’était permis de fouiller pour l’identité, la carte verte, la mutuelle… Elle se retourna légèrement en gémissant et tenta d’ouvrir le tiroir en question. Ses forces lui manquaient…
   – Attends, bouge-pas, je vais t’aider, voyons ! Drassir comprit à la vue du contenu l’objet de la requête. L’inconfort de la position supposait une écriture à peine lisible. Le contrecoup du choc également. L’anesthésie aussi bien sûr. Jasmina n’avait sûrement pas une idée lumineuse pour son travail qu’il lui fallait graver sur-le-champ. Il déchiffra péniblement depuis cette graphie hasardeuse : « ai été agressée ». Dans la hiérarchie des faits, elle avait occulté l’article de presse sommairement plié dans son porte-monnaie.
   – Comment ça ? Quelqu’un qui cherchait à voler ta voiture a surgi à ta portière et pour t’échapper, tu as brutalement accéléré et brûlé le feu ? Elle fit un non qui ressembla à une moue, c’était plutôt les 4x4 qui étaient en général visés par le car-jacking. On te poursuivait ?, continua son mari en haletant. Le hochement de tête valida son hypothèse. Il fronça les sourcils avec une inquiétude visible. Des fachos ?, ajouta-t-il influencé par la mésaventure du bistrot qu’il s’était promis de taire. À nouveau un non peu appuyé qui signifiait plutôt je ne crois pas. Le mode de communication sommaire demandait du temps et suscitait beaucoup d’imprécision. Il était préférable de se reposer et d’attendre que les esprits retrouvent du calme et du sang-froid.
   – Votre femme a besoin de dormir. L’infirmière était entrée en poussant une petite table à roulettes semée des prescriptions d’une partie des chambres de l’étage. Fallait pas se tromper de numéro. On va lui administrer un somnifère. Monsieur, c’est mieux de revenir demain. Le ton était un tantinet militaire. Reste plus qu’à rattacher la Santé à la Défense, songea le flic qui en soupait tous les jours du ministère avec ses circulaires bidule et ses instructions machin pro Patria vigilant. Il embrassa Jasmina avec une tendresse qui signifiait que le coup dur était derrière elle avant de la quitter en lui souhaitant bonne nuit.

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