lundi 26 septembre 2011

La Mort au détail... en détail ! Second extrait

Riffle Noir vous propose un second extrait 

au coeur du polar de Dirck Degraeve




" On va bientôt liquider les Pères Noël à Saulmères."




13


   L’obscurité était tombée sur la campagne dénudée quand ils sortirent de Saulmères. La circulation les avait retardés sur les quais. C’était l’heure où l’on rentrait chez soi dans la lassitude du soir, avec la perspective réconfortante de déposer ses soucis quotidiens au pied de l’écran plat. Lorsqu’ils longèrent le canal à grand gabarit, la coulée sombre de l’eau à peine ridée doublait la route d’un trait épais et funèbre, sans même les illuminations d’une péniche pour en rompre l’uniformité. À Saint-Momelin, ils obliquèrent vers la forêt dont les grands arbres dépouillés semblaient les gardiens d’un culte révolu. Après deux kilomètres environ, ils aperçurent une longue file de voitures sur le bas-côté. Ils se garèrent derrière elles. Un gendarme les salua et ils le suivirent sur un sentier invisible de la route. À quelques centaines de mètres, une trouée s’ouvrait dans la futaie. Elle était crûment éclairée par les projecteurs. Un périmètre de sécurité avait été aménagé et l’IJ était déjà au travail. Jacobsen reconnut Stalloni à côté de Gantois, le légiste. À les voir ainsi absorbés, il comprit que la viande froide avait été accommodée selon une recette inédite et surprenante, même pour ceux qui vivaient dans l’ombre du crime et côtoyaient la mort violente sous ses formes les plus sordides.
   –     Lieutenant Wattiez. L’officier était grand, maigre, le visage allongé marbré par le froid. Ses yeux noirs les fixaient sans manifester la moindre émotion mais des mouvements brusques de ses mains démentaient cet apparent détachement. Les cadavres ont été découverts vers quinze heures trente. Le garde-chasse faisait une ronde avec ses chiens. Les victimes avaient été dissimu-lées sous un tas de feuilles mortes, à la hâte manifeste-ment. Il a cru qu’il s’agissait d’un animal. Il est encore en état de choc.
   Ils se dirigèrent vers l’endroit où l’activité de la ruche se concentrait. Jacobsen sentait le rythme de ses pulsa-tions cardiaques s’accélérer comme à chaque fois qu’il était confronté à la dépouille de l’un de ses semblables décédé dans des circonstances dramatiques. Gantois leva la tête, les traits crispés par la concentration et par un évi-dent dégoût qui transparaissait dans le ton et l’altération de la voix.
   – Je vais vous montrer les restes. Pas beau à voir, je vous préviens.
   Il enleva prestement les plastiques qui les protégeaient d’une pluie fine. De larges traînées de sang maculaient le sol couvert de débris végétaux. Les corps avaient été démembrés, lacérés et fendus, littéralement éviscérés. Parmi les bras, les jambes, les mains, on distinguait deux têtes aux yeux grand ouverts. Elles semblaient prendre les assistants à témoin des préjudices qu’on leur avait infligés et attester qu’ils étaient bien en présence d’êtres humains et non d’animaux de boucherie destinés à l’étal. Jeanine s’était rapprochée de Jacobsen et s’agrippait machinale-ment à son bras en le serrant convulsivement. Elle était devenue toute blanche et semblait prête à tourner de l’œil. Lechantre lui-même avait pâli. On distinguait des cernes brunâtres sous ses yeux saillants. Il restait immobile, fasciné par cette mise en scène macabre et grotesque.
   – La tâche s’annonce difficile, expliqua Gantois. Il faudra reconstituer les corps à l’Institut. Ils ont été découpés à l’aide d’une lame tranchante, un sabre, une machette, une hache peut-être. Il n’y a pas trace d’arme à feu en apparence.
   – Ils étaient déjà morts quand on les a dépecés ?
   – Les examens nous l’apprendront. Vous admettrez aisément que le mot autopsie me paraît presque impro-pre. Notre criminel – je penche pour un homme seul – a largement entamé le travail, pour brouiller les pistes, à mon avis. Les a-t-il préalablement assommés avant de commettre ces atrocités ? Cela reste à déterminer. Il faudra également voir s’il les a attachés. Je ne dispose que de trois mains pour l’instant et les recherches se poursui-vent aux alentours. Il semblerait qu’il ait dispersé d’autres organes qui nous manquent. Quant à l’heure... début d’après-midi mais là aussi c’est très vague.
   –     Pouvaient-ils être plusieurs ? Vous avez découvert quelque chose, Stalloni ?
   – Vous voulez rire, commandant ? Le sol est recouvert partout d’un épais tapis de feuilles mortes. Avec la pluie... Le sentier est étroit et il a été successivement foulé par le garde-chasse, les gendarmes, nous... Si je peux me permettre, je songe au scénario suivant. Il les a débarqués en bagnole le long de la route. Personne ne passe ici en hiver au milieu de la journée. Il les a chopés avant et les a neutralisés en les ligotant sous la menace d’un flingue. Il les a ensuite amenés ici. Il devait avoir repéré l’endroit. Son choix n’est pas le fruit du hasard. Il les a tués directement avec sa machette. Pour simplifier, il les a carrément décapités. Il les a détachés, a enlevé les bâillons s’il y en avait et a ôté leurs vêtements. Vous remarquerez que les nippes sont entassées à quelques mètres des restes qui eux sont éparpillés. Et il s’est acharné sur eux. Il devait être dans un état second, enivré par la vue et l’odeur du sang, mais son plan était prémédité.
   – Vous voulez dire que ça pourrait constituer une espèce de message ou de signature ?, intervint Lechantre.
   – Ce sera à vous de le prouver, commissaire. À moins qu’il ne s’agisse d’un aliéné. Rien n’est à exclure.
   – C’est effectivement ce mode opératoire qui me semble étonnant, reprit Jacobsen. S’il avait uniquement voulu les éliminer, la machette – prenons-la comme hypothèse – et la boucherie n’étaient pas nécessaires. Il veut terroriser par cette violence absolue tous ceux qui seraient susceptibles de nous délivrer un renseignement ou de lui échapper s’il exerce sur eux une emprise. Il s’agit probablement des Africains qui se sont enfuis lundi. Ils circulaient au hasard en essayant de retrouver Saulmères ou de gagner la frontière.
   – C’est plausible. Jeanine avait surmonté son envie de vomir et de tomber dans les pommes en essayant de suivre le débat et de se concentrer sur le problème. Le tueur, celui qui a blessé Deneuville, était à leurs trousses. Il a osé sillonner le secteur en voiture malgré le risque d’être intercepté. Il les a attirés en leur promettant une seconde chance. Vous devinez la suite. Si quelqu’un a aperçu une Mercedes blanche par ici, nous aurons confirmation que les deux affaires sont liées.
   – Ça ne fait aucun doute mais ce que nous avons sous les yeux ne s’accorde pas avec le travail d’un pro, rétorqua Jacobsen. Les deux scènes sont en totale contradiction. D’un côté, nous sommes confrontés à un type plein de sang-froid qui se sort d’une situation désespérée en prenant l’autoroute à contresens et, de l’autre, à un cinglé qui cède à des pulsions incontrôlées. J’ai du mal à concevoir que le même homme se soit livré à des actes aussi incompatibles.
   Un mouvement s’opéra derrière eux. La juge Rotrou venait d’arriver sur les lieux. Elle était vêtue de bottes noires, d’un jean et d’un long manteau de laine beige clair. Elle ne cilla pas à la vue des cadavres morcelés et écouta avec attention les premières constatations des uns et des autres. Jacobsen ne put s’empêcher d’admirer sa capacité à gérer ses émotions. Elle se lâcherait ce soir, devant sa bouteille de cognac et en écoutant du jazz.
   – La trace est sanglante mais identifiable, résuma-t-elle. Nous n’avons cependant aucune certitude puisque ces deux personnes sont sans identité à l’heure actuelle. Nous montrerons les photos de leurs visages aux migrants. Notons qu’il ne les a pas défigurés. Un oubli de sa part ? Voulait-il au contraire qu’on puisse les reconnaître au besoin pour effrayer ? C’est à étudier. Mais je partage votre point de vue, ce sont les deux types qui nous ont échappé lundi soir. Ce qui revient à dire que leur bourreau est probablement leur chauffeur. Ils représen-taient un danger dans la nature et les passeurs ne pouvaient actuellement les transporter en Grande-Breta-gne. Nous avons renforcé tous les contrôles, toutes les fouilles pour perturber le réseau. D’où leur élimination brutale. De qui s’agit-il ? Nous avons affaire à forte partie. Une banale filière d’émigration clandestine se serait con-tentée de couper les contacts avec ces malheureux en espérant qu’on les extrade au plus vite. Que trafiquent-ils ? Mystère... Malou participait-il à ces activités qui nous échappent ? Ou sa mort n’est-elle qu’une pure coïncidence et n’interfère-t-elle pas du tout avec ce qui vient de se dérouler ici ? Vous constatez comme moi que l’enquête se complique de jour en jour. Nous allons laisser les scientifiques à leurs investigations avant qu’ils évacuent les dépouilles. Nous attendons vos conclusions avec impatience, pour l’autopsie notamment. Elle s’était tournée vers Stalloni et Gantois. Procédez-y toutes affaires cessantes. Je veux les premiers résultats dès demain, idem pour les analyses. Pour ma part, je suis attendue chez le procureur. Cela prend des proportions inquiétan-tes. Nous avons peu de monde et un individu hyper-dangereux évolue en toute tranquillité autour de Saul-mères. Un pro selon les uns, un fou selon les autres. Il nous faut du renfort, une brigade spécialisée entraînée aux cas extrêmes. On ne peut pas continuer à ramasser les morts. La mèche est allumée et je ne tiens pas à ce qu’elle aille jusqu’au tonneau de poudre. Nous sauterions également, je vous le rappelle. Jacobsen, je vous attends demain, à neuf heures précises.


Le premier extrait de La Mort au détail est à lire >>>> ICI

jeudi 22 septembre 2011

22, le Riffle à Templemars!

 
Ce samedi 24 septembre,

au 4eme salon du polar de Templemars ( 59),

ils seront-là !







Dirck Degraeve avec son Jacobsen 3 : La Mort au détail



accompagné de Passé mortel et de Marais noir



Richard Albisser





et sa nouveauté dans la collection Riffle Nord
mais à l'ambiance policière: Quatre à la suite



 (comprendre quatre histoires criminelles racontées par un détective privé, une juge d'instruction, un directeur de prison et un commissaire de police...)

Toujours avec Fou contre tour et Éclipse d'une nuit d'hiver




Michaël Moslonka

avec son premier polar À minuit, les chiens cessent d'aboyer


Et Olivier Hénnion

pour




lundi 19 septembre 2011

La Mort au détail sur la blogosphère: chroniques!

La parution grand format du 3eme Jacobsen La Mort au détail est accueillie sur la blogosphère par deux chroniques : celle de Book en Stock par Dup et l'autre de Black Novel par Pierre Faverolle.


Voici leur retour de lecture




http://bookenstock.blogspot.com



« Me voilà bien embêtée pour vous parler de ce livre, car il m'a beaucoup plu et en même temps il m'a énervé. (...) Mais avant je veux vous dire que c'est du bon polar, du très bon même. Du dense, du touffu, du lourd comme j'aime.


Des pistes, des vraies, des fausses. Des stagnations, des avancées et ça patauge. Puis, tantôt des découvertes, tantôt de nouveaux méfaits et ça repart. (...) Et l'intrigue tordue à souhait que nous a pondu là Dirck Degraeve va forcément faire rejoindre les deux enquêtes... La suspicion du début devient réalité et cela fait froid dans le dos.
 
Maintenant je vais revenir sur le personnage principal. Alors lui, il a cristallisé mon j'aime/j'aime pas. Je vais démarrer par ce qui m'a énervé ainsi je vais pouvoir inclure le deuxième personnage, Corinne. Les tergiversations entre ces deux là, les je t'aime mais... les je suis sûr de mes sentiments mais... leurs interrogations sur leur devenir "à deux", pas encore fixé et loin de là, tantôt par l'un, tantôt par l'autre étaient longues et surtout répétitives. Leurs errances sentimentales, voire leurs erreurs, même si elles servent l'enquête m'a irritée.

(...) à côté de ça, le caractère posé et réfléchi du Commandant Jacobsen m'a beaucoup plu. J'avais envie d'être la lieutenante qui le suivait, qui l'aidait dans ses réflexions. L'écriture de l'auteur fait qu'on a l'impression  de suivre, d'entendre les rouages de son cerveau et c'est passionnant ! 
Et puis un flic qui apprécie la littérature et la musique classique, qui joue du violoncelle reconnaissez que cela ne court pas les rues, euh les livres ! »

Dup - le 16 septembre 2011

La chronique est à lire dans son intégralité ICI >>>>



http://black-novel.over-blog.com

« (... ) l’enquête policière, au demeurant classique, est prenante et surprenante à souhait. Le principe de l’auteur est simple : nous donner des dizaines de fausses pistes avant de patiemment démêler les fils qu’il a lui-même emmêlé.(...)
 
L’autre chose qui m’a plu, c’est la description de la vie en province.  (...)  je suis d’autant plus époustouflé que la ville est totalement inventée par l’auteur et qu’elle nous semble à nous, lecteurs, terriblement vivante. On pourrait même faire le plan de la ville voire des environs, rien qu’en lisant ce livre.
 
Enfin, il y a le sujet, cette ville qui a vécu innocente, presque protégée des horreurs modernes, et qui se réveille en plein milieu d’un monde qu’elle ne comprend pas. Le réveil est dur, avec ces notables qui n’ont pas plus de respect envers leurs électeurs qu’envers des chiens, avec ces pauvres immigrés qui survivent dans ce que les gens du coin appellent la jungle (c’est dire !), avec ces associations caritatives qui profitent du système voire de ceux qu’elles sont censés aider, avec ces flics haut gradés qui sont à moitié cow-boys ratés, à moitié obnubilés par les chiffres.
Avec ce livre, qui décrit une vérité hallucinante que nous connaissons mais qu’il est bon de rappeler, vous découvrirez une région qui subit, des gens simples qui vivent sans tout comprendre, des immigrés clandestins que tout le monde voudrait nier ou gommer, et une bonne histoire policière classique avec des personnages attachants.

Nul doute que je vais revenir voir du coté de l’œuvre de Dirck Degraeve, car j’y ai pris beaucoup de plaisir. »
Pierre Faverolle - le 18 septembre 2011


La chronique est à lire dans son intégralité ICI >>>>

samedi 17 septembre 2011

Concours blog Riffle Noir: les résultats

Notre concours anniversaire s'est terminé ce vendredi 16 à 23:59

Rentrons tout de suite dans le vif du sujet! 



Les bonnes réponses


1) Vendin-le-vieil
2) Boutros Drassir et Jasmina
3) Klapaszewski
4) Une croix gammée
5) Il s'agit de La Mort au détail qui était située à la 4eme place (de gauche à droite)

Question subsidiaire :
les chiens commencent à aboyer à 22:26 (cf page 16 d'À minuit, les chiens cessent d'aboyer)



Intermède: les drôles de réponses! 



Concernant l'heure à laquelle les canidés d'À minuit, les chiens cessent d'aboyer commencent à aboyer pour la première fois

réponse:
à 0H31 (bon, je sais, c'est l'heure du crime et les pov' chiens, ils vont souffrir s'il faut qu'ils aboient pendant 23h29 !!)


Concernant Faute de vérité et le nom complet de Charles Klapa :

réponse de Christophe Drzemala:
Charles Klapaszewski (même pour moi ça été dur de l'écrire, c'est dire)


Et les 5 gagnantes & gagnants sont...


Première place

Maud Guelat


Aux autres places

Isabelle Soucy

Juliette Ultsch

Pascal Grosjean

Christophe Drzemala



Toutes nos félicitations !
Ainsi que nos plus chaleureux remerciements à celles et ceux qui ont participé !

vendredi 16 septembre 2011

La Mort au détail... en détail : premier extrait !




Saulmères, à la veille des Fêtes de Noël.

L’arrivée des migrants de la « jungle » et l’assassinat d’un paisible retraité sèment le trouble dans la population. Quand les friteries se mettent à flamber et qu’au même moment on découvre les corps mutilés de deux jeunes Africains dans un bois, l’angoisse est à son comble.

Le commandant Jacobsen et Corinne Maresquier se lancent alors dans une traque qui les confrontera à une forme de criminalité inédite. Ainsi qu'à une réalité sociale témoignant des dérèglements de notre société et de ses valeurs...

Après Passé mortel et Marais noir, La Mort au détail est le troisième volume des enquêtes du commandant Jacobsen. En voici le...

...Prologue


   Alfred Couture, dit Fred, racontait pour la troisième fois de la soirée comment l’hiver dernier il avait sauvé de la noyade une mère de famille et ses deux mômes dont la voiture avait dérapé sur une plaque de verglas avant de glisser dans l’eau glacée du canal quand la porte du bistro s’ouvrit brusquement. Un Africain, les yeux exorbités, enveloppé de la tête aux pieds d’une bâche en plastique bleu qu’il avait dû dérober sur un chantier, éructa quelques sons incompréhensibles en essayant de repren-dre son souffle. Il était environ vingt-trois heures ce lundi 10 décembre 2007 et, s’il ne gelait pas encore, la température extérieure devait avoisiner le zéro fatidique avec le premier vrai coup de froid de cette fin d’automne. Le ciel était parfaitement dégagé et piqueté d’étoiles sur un velours noir d’une étonnante douceur. Un ciel qui s’ouvrait sur l’infini, propice aux vertiges métaphysiques. Dans trois semaines, ce serait Noël. Pour l’heure, la poignée de poivrots qui tanguaient en se retenant au zinc du Café des mariniers, espèce disparue depuis de longues années du Quai-au-sel de Saulmères où ne stationnait d’autre péniche que le dancing du Lys de l’Aa, se détour-nèrent de leurs chopes jamais vides pour considérer d’un œil torve l’intrus. Le patron lui-même qui attendait avec impatience de voir ces clients attardés déguerpir pour aller enfin se coucher sortit de sa torpeur et faillit avaler le mégot de gitane qu’il gardait vissé au coin des lèvres.
   – Là ! Dans l’eau, dans l’eau ! Tombé, tombé. Va mourir, appeler, appeler... Froide, eau très froide !
   Il moulinait des bras pour indiquer la direction de l’accident et rameuter des secours.
   – Je vais téléphoner au 18, gueula le taulier. Les négros se sont encore bagarrés pour un camion ou un wagon. Ça n’en finira jamais ce bordel avec les immigrés !
   Fred contemplait l’Africain avec la stupéfaction de l’âne de la crèche voyant surgir l’un des rois mages. Grand et carré, le ventre bedonnant au-dessus d’un large ceinturon qui n’empêchait pas son jean délavé de dénuder le haut de ses fesses poilues, la face rubiconde ornée d’une moustache jaunâtre, l’œil rond d’un coq interrompu dans son épopée matinale, il cherchait vainement à renouer le fil de son récit cisaillé par l’apparition incongrue de ce messager de la nuit jailli du monde invisible des exclus. Il remonta son froc pour se donner une contenance et suivit le type qui venait de quitter les lieux et galopait vers le pont en face de la gare plongée dans l’obscurité. Le drame s’était déroulé sur l’autre rive, peut-être sous la voûte métallique où les errants trouvaient refuge quand il pleuvait. Un petit groupe stationnait au bord de l’eau et se mit à crier en les voyant accourir. Fred descendit, en soufflant comme un phoque, les marches de pierre qui menaient vers la nappe sombre où se reflétaient les traînées orangées des rares lampa-daires. Derrière lui, ses potes le poursuivaient en hurlant “N’y va pas, Fred, reviens, bon sang, pense à ta mère...” Ça tournait au charivari entre le chœur des suppliants et les plaintes angoissées des victimes. Sa mère... elle se foutait bien de lui, sa mère... Elle devait ronfler dans son pieu après s’être fait tringler par un vieux vicelard pas regardant sur la marchandise. “Il est où ?”, s’enquit-il de sa voix de basse de père noble ou de cocu magnifique d’opéra et, avant que quelqu’un lui ait désigné l’endroit où un être en perdition se débattait dans les affres de l’agonie, il plongea sans même prendre d’élan ni enlever sa moumoute. Il nagea droit devant lui. Il allait encore repêcher une bonne femme. Elle tomberait amoureuse de lui, elle finirait par l’épouser et ils auraient une nichée de gosses café au lait. Il n’en avait rien à cirer de la couleur de sa peau, il n’était pas raciste comme ces connards qui jouaient aux nazillons à l’heure de l’apéro. Ce fut sa dernière pensée. Il coula à pic, au milieu du canal, happé par le linceul de glace, le souffle coupé, les vêtements lourds. Quand les autres arrivèrent enfin sur les lieux, les témoins s’étaient évanouis dans la nature et ils ne distinguaient plus que les rides calmes du naufrage qui venaient lécher la berge herbeuse. On entendait au loin la sirène des pompiers.
...

Un prochain extrait à suivre

Et si vous voulez 

découvrir (ou re-découvrir) la manière d'écrire de l'auteur

c'est ici  >>>> La Mort au détail en avant première!

mardi 13 septembre 2011

Dirck Degraeve en signatures - prenez déjà rendez-vous!

 

De septembre à décembre, Dirck Degraeve dédicacera de sa nouveauté La Mort au détail et parlera de son univers polar. Voici (déjà!) les dates et les lieux où vous pourrez le rencontrer.




Le samedi 17 septembre

  
Au Majuscule de Saint-Omer

de 14 heures 30 à 18 heures 30 


Le samedi 24 septembre
Au 4e salon du polar de Templemars
toute la journée
Le samedi 1er octobre 
à Auchan Longuenesse - Saint-Omer
toute la journée 
 

Le dimanche 2 octobre 
 Au 11e salon du livre de Nieppe toute la journée


 

Le vendredi 14 octobre 

 à la FNAC de Lille 
pour la rencontre les vendredis du polar dès 17h30


Le samedi 15 octobre 

 à la rencontre Paroles du Huchald
à Saint-Amand-les-Eaux  

dès 14 heures



  

Le mardi 18 octobre 

 
aux rencontres Polar de Jimmy
au café resto - Le Vinci 
70, rue de l'hôpital militaire (Lille)

dès 20 heures




Le samedi 22 octobre 
 au salon du livre de La Bassée
toute la journée
 

 
Les 13 et 14 novembre 

au salon du livre du Touquet 
jours de présence non fixés pour le moment - à suivre
 
Le samedi 19 novembre 

au salon du polar de Morbecque 
toute la journée


Le dimanche 27 novembre 
 au salon du polar de Lumbres

toute la journée





 

le samedi 17 décembre

au Majuscule


de Saulmères Saint-Omer

de 10 heures à 13 heures

 
Le dimanche 18 décembre 

au centre culturel du Leclercq de Outreau 
L'après-midi

 

Le samedi 23 décembre 
Retour et fin d'année
au Majuscule de Saint-Omer

L'après-midi


séance annulée
 

lundi 12 septembre 2011

Parution: La Mort au détail de Dick Degraeve


En ce lundi 12 septembre paraît le n°10 de notre collection Riffle Noir, en grand format pour l'occasion!



Après





 et
  Dirck Degraeve vous propose une 3e enquête du commandant Jacobsen




 


Vous trouverez La Mort au détail
 
 
dans les rayonnages de votre libraires en Nord-Pas-de-Calais
 
sur le site marchand des éditions du Riffle: www.riffle.fr
 
ou 
 
lors des signatures de l'auteur en salons du livre et librairies

dimanche 11 septembre 2011

Jour J - 1 !


 

Elle arrive demain, lundi 12 septembre,

chez les libraires du Nord-Pas-de-Calais
ou
sur le site marchand des éditions du Riffle: www.riffle.fr

Un polar Grand Format signé Dirck Degraeve.

Une troisième enquête du commandant Jacobsen et de sa collègue Corinne Maresquier au cœur de la jungle Calaisienne. 

La fiction se mêle à une réalité sociale bouleversante, témoin des dérèglements de notre société et de ses valeurs...  



jour J - 5 avant la fin de notre concours Première Bougie Riffle Noir!
Pour jouer, c'est ICI >>>>


vendredi 9 septembre 2011

Septembre en dédicaces

Les prochaines séances de dédicaces Riffle Noir sont placées sous le signe de La Mort au détail 
J - 3 !


le 3e Jacobsen de Dirck Degraeve !

(N'oubliez pas notre concours qui court toujours jusqu'au 16 septembre. C'est ICI >>>> )

le dimanche 11 septembre

Marché du livre de Lanno
avec Richard Albisser

Fou contre tour, Éclipse d'une nuit d'hiver

et... Quatre à la suite (nouveauté de la collection Riffle Nord)


 le samedi 17 septembre

après-midi La Mort au détail 
à
Majuscule Saint-Omer
avec Dirck Degraeve


le samedi 24 septembre 

4e salon du Polar de Templemars 
avec
Dirck Degreave et La Mort au détail (nouveauté Riffle Noir)
Richard Albisser et Quatre à la suite (nouveauté Riffle Nord)

Olivier Hennion

Michaël Moslonka