mardi 28 septembre 2010

Le Passé Mortel de Dirck Degraeve se dévoile – extraits!

Bonjour à toutes et tous,

Le blog Riffle Noir poursuit sa thématique Dirck Degraeve en vous offrant à lire le chapitre I de Passé mortel. Premier polar de Dirck à Saulmères qui verra se former le duo Jean-Baptiste Jacobsen et Corinne Maresquier.

Ce chapitre vous est dévoilé en deux parties: la première, aujourd'hui, et la seconde, jeudi.


Bonne visite de Saulmères!

Riffle Noir.


Post-scriptum : Dirck Degraeve sera présent à Auchan Longuensesse le samedi 2 octobre pour une séance de dédicaces de 14h30 à 18h. Il sera également présent au salon du livre de Nieppe, le dimanche 3 octobre, de 10h à 18h.


Chapitre I - 1ère partie



Déjà le réveil. Il avait l’impression de n’avoir dormi que quelques minutes. Merde, le téléphone. Il tendit la main en maugréant, renversant un verre qui tomba sur la moquette avec un bruit sourd.
– Allô, commandant ? C’est Rivière. Un cadavre dans le jardin public. La police municipale a été appelée sur les lieux par un ivrogne qui passait par là. Ils nous ont aussitôt contactés. Une gamine, une sale affaire... Assassinée, sans aucun doute. Enfin, avec la municipale, on ne sait jamais. On est sur place. À tout de suite.
Il avait raccroché sans lui laisser le temps de répondre. Sa voix trahissait l’excitation, l’angoisse aussi. Un meurtre à Saulmères. La chose n’était pas exceptionnelle en soi. Ça arrivait une ou deux fois l’an, mais une gamine, un soir de novembre... Ça sentait mauvais. Une affaire de mœurs. Sa chemise était fripée. Il devait en changer le matin même. Personne n’y prêterait attention. Il dévala les étages sans prendre l’ascenseur, la bouche pâteuse, avec un début de migraine. Sa vieille Xantia démarra au quart de tour pour une fois, en crachant néanmoins un nuage de fumée noire. Une heure du matin. La ville était déserte. Il pleuvait, une pluie lente d’automne qui n’arrangerait rien. L’IJ se plaindrait, comme d’habitude. “Avec un temps pareil, commandant, allez trouver des indices !” Bah voyons. Il gara sa voiture à proximité de la grille largement ouverte. Il y en avait d’autres, gyrophares allumés projetant des lueurs bleues sur l’asphalte. “Commandant Jacobsen”, déclara-t-il à deux agents qui s’avançaient vers lui. La scène était éclairée d’une lumière crue par des projecteurs. On avait déjà délimité un périmètre de sécurité. Des silhouettes s’affairaient pour tendre une bâche noire au-dessus de ce qui devait être le corps. Il souleva un cordon de plastique de couleur jaune pour s’approcher. Le photographe venait de faire ses clichés. Elle était allongée face contre terre, vêtue d’un jogging vert délavé et de baskets blanches. Le capuchon dissimulait ses cheveux. Le légiste se livrait aux premières constatations. Jacobsen le connaissait bien. Depuis le temps. Le docteur Gantois se releva après un rapide examen et se tourna vers lui et Rivière qui l’avait rejoint.
– Elle a été étranglée, c’est évident. Probablement avant 22 heures. Disons entre 20 et 21 heures à vue de nez d’après la température du corps et la rigidité. Mais avec ce temps pourri, pas facile avant l’autopsie. Comment ? Probablement à l’aide d’une cordelette, d’une lanière de cuir, une ceinture très fine par exemple. A priori pas de viol. Le corps n’a même pas été dévêtu. Un élément bizarre néanmoins, venez voir.
Ils s’avancèrent avec précaution mais le sol était détrempé. Il n’y aurait pas d’empreintes. Gantois avait tiré le capuchon. Elle avait de longs cheveux blonds qui brillaient à la lumière et se couvraient de gouttelettes de pluie. Un côté de la tête était presque chauve comme si on l’avait maladroitement tondue à grands coups de ciseaux. Il ne restait qu’une espèce de duvet tendre et délicat à la fois qu’on avait envie de caresser.
– Un fétichiste, nom de Dieu, s’exclama Rivière. Ça alors, commandant, c’est du jamais vu à Saulmères !
Jacobsen entrevit le visage fermé sur la mort. Il se détourna. Il n’aimait pas les cadavres, l’empathie qu’ils suscitaient, le dégoût et la peur aussi. Les techniciens s’affairaient dans la boue d’un massif orné d’annuelles au printemps tandis qu’il continuait à recueillir des informations. Elle reposait devant un gigantesque cèdre. S’il y avait eu agression sexuelle, elle avait dû se dérouler derrière les arbres à l’abri d’éventuels regards quoiqu’en automne, à cette heure tardive... Il saurait bientôt si le corps avait été traîné ou déplacé. Jacobsen était intrigué par cette scène qui ne cadrait pas avec l’hypothèse d’un crime sexuel. On ne tue pas uniquement pour des cheveux, songeait-il. Elle avait sûrement été exécutée sur place. Le substitut venait d’arriver sur les lieux, tout ébouriffé, l’air hagard d’un hibou voletant hors d’une grange. Il lui serra la main en dodelinant de la tête.
– Résumez-moi les faits, Jacobsen, rien que les faits voulez-vous ? Pour un cartésien de mon espèce seuls les faits importent.
– Vous allez être servi, monsieur le substitut. Le corps a été découvert, enfin vu parce qu’on n’avait pas cherché à le dissimuler, par un ivrogne qui a arrêté une patrouille de la police municipale. Elle a certainement été étranglée avant 22 heures au cours d’un jogging, du moins c’est ce que laisse supposer sa tenue. Pas trace de viol, elle n’a pas été déshabillée. Elle gisait devant le tronc d’un énorme cèdre, sur la terre bêchée d’un massif, comme si on avait voulu l’exhiber. À moins que dans sa hâte l’assassin n’ait eu peur d’être surpris mais j’en suis déjà au chapitre des hypothèses... Rien sur elle, ni papiers ni portable. Mais d’après les premières constatations, on a trouvé son nom cousu sur le col de son vêtement, Elodie Dehaye. Ça devrait faciliter les recherches. En tout cas, les parents n’ont pas signalé sa disparition. À vue de nez, elle a entre seize et dix-huit ans. Ah oui, j’oubliais, on lui a rasé la moitié du crâne et on a emporté les cheveux.
– Dès demain, vous vous mettez sur l’enquête, Jacobsen. Je verrai le commissaire Lechantre. Vous me tenez au courant; on aura la presse sur le dos, vous voyez ce que je veux dire. Avec une histoire pareille, tout est possible. Le viol semble exclu. Un maniaque, un obsédé ? Les pervers ne courent pas les rues à Saulmères mais on en trouve partout. Enfin, faites diligence, mon vieux. Des faits, hein ? Pour résoudre une telle affaire, il nous faut des faits.
à suivre...

1 commentaire:

  1. Pour l'anecdote...

    Sur les premières couvertures de Passé Mortel (version grand format), s'y trouvait également une croix gammée par dessus la croix de Lorraine.

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