mardi 23 novembre 2010

Requiem pour un toubib, présentation et extrait


Bonjour à toutes et tous,

Riffle Noir continue la saga de l’inspecteur Kabbalevski et de la journaliste Miss Van Pepper. Nous vous présentons donc le second polar d’Eric Lefebvre : Requiem pour un toubib avec en prime le prologue du roman en premier extrait. Le second viendra s’ajouter à notre blog dans quelques jours.

Bon retour à Lens !
Riffle Noir.



Qui sont Kabbalevski et Miss Van Pepper ?
retour sur les héros d'Eric Lefebvre



Stanislas Kabbalevski – le flic :
D’origine polonaise, celui-ci est un mélange de Kirk douglas et de Vincent Cassel pour le physique. Et même s’il jette un regard désabusé sur le monde qui l’entoure, Kabbalevski essaie de garder comme ligne de conduite les valeurs inculquées par son père : la droiture, l’humanisme et le goût du travail bien fait.

Miss Van Pepper – la journaliste :
Cette blonde aux yeux bleus a beaucoup de tempérament. Journaliste d’investigation, opiniâtre et volontaire, Miss Van Pepper va jusqu’ au bout de ses enquêtes, quitte à froisser quelques susceptibilités.


Requiem pour un toubib
présentation

Date : octobre 1996
Lieu : Lens, Pas-de-Calais - France


Quatre ans après Sortie Lens-Est, le jeune inspecteur de la PJ parisienne, devenu entre temps commissaire, est nommé… à Lens.

C’est son premier poste et en tant que directeur d’enquête, et sa première affaire importante concerne le meurtre d’un ami d’enfance. Le Dr Gilbert Longuépée. Ce dernier est retrouvé, le soir de la Toussaint, dans son cabinet médical, le crâne fracassé par un pied de biche.


Alors, crime crapuleux, règlement de compte ? La police privilégie la thèse du rôdeur...

Quelques jours plus tard, la tombe du docteur est profanée par un graffiti vengeur : « Go to Hell ».


Malgré ses réticences, Kabbalevski va devoir se plonger dans le passé trouble de son ami, tout comme la journaliste Miss Van Pepper qui est chargée d’un reportage sur la vie exemplaire de ce médecin.


Gilbert Longuépée est un exemple oui, mais à ne pas suivre…


Requiem pour un toubib
Prologue

Il se sentait étrangement calme, presque indifférent, vidé comme lorsqu’on vient d’accomplir un exploit ou de remplir une mission difficile, mais ses yeux trahissaient une résolution implacable. Il tendit les deux bras devant lui, regarda ses mains un long moment. Il écarta les doigts, ils ne tremblaient pas. Ils n’avaient pas tremblé non plus lorsqu’il avait fallu frapper la bête, la frapper à mort. La glace du côté conducteur était baissée. Il prit une inspiration profonde, l’air frais inonda voluptueusement ses poumons. C’était un homme d’extérieur, un paysan et l’air en conserve qu’il avait dû respirer durant tout le trajet ne lui valait rien. Il appuya machinalement sur le bouton on de l’autoradio ; une voix féminine annonça « …und jetzt, die berühmte oper : Don Giovanni ». La musique de Mozart envahit soudain l’habitacle. Le jour commençait à se lever sur Sankt Goar et l’homme observait, fasciné, les petites lumières qui s’allumaient dans la ville en contrebas. Myriades de lucioles engourdies par le froid, émergeant peu à peu du sommeil. Sur la rive opposée du Rhin, un château-fort encore noyé de brume dressait sa silhouette noire et massive, ultime témoin de conflits oubliés. Deux péniches matinales se croisèrent impassibles, au pied de La Lorelei, alors qu’à cet endroit la profondeur et les remous du fleuve légendaire avaient fait trembler des générations de bateliers. Il caressa machinalement le cuir fauve du siège passager. Il ne s’emmerdait pas le salaud ! Il fouilla parmi les emballages vides de crackers, de chips et de barres chocolatées qui jonchaient le siège et en extirpa un goûter aux céréales qu’il grignota pensivement. Il était encore étonné de la facilité avec laquelle tout s’était déroulé, mais à partir du moment où il avait pris sa résolution, plus rien ni personne n’aurait pu l’arrêter. Se rendre dans le Nord de la France, dans la région de Lens plus exactement, pour un gars comme lui, ce n’était pas évident. Avec ses dix mots de français et son accent ukrainien, il aurait pu facilement se faire repérer, mais il avait un plan : muni d’un faux passeport polonais, une langue qu’il possédait parfaitement, il pourrait toujours dire qu’il venait pour affaires ou pour renouer des relations avec un lointain cousin. Il s’était renseigné, il y avait beaucoup de gens d’origine polonaise dans cette région, cela marcherait, cela devait marcher ! Traverser presque toute l’Europe, s’installer en France dans un hôtel bon marché, repérer sa proie, la surveiller et guetter le moment propice pour agir, il ne s’était jamais senti aussi maître de sa destinée. Rien ne pouvait lui arriver. D’abord l’attente et puis le coup de bol ! Il était passé devant le cabinet médical la veille, le premier novembre et le mec travaillait. Il avait décidé de frapper le soir même et c’est ce qu’il avait fait. Une balle, non ! Une seule balle, une seule, ça c’est pour les ours ou les cerfs, des animaux nobles, lui c’était un porc et il méritait de mourir comme un porc ! S’enfuir avec le Range Rover de sa victime était risqué, mais c’était un risque calculé. En cas de problème, il avait toujours son bon vieux pistolet Tokarev TT 33 à portée de main. Il avait avalé les kilomètres et traversé les frontières belges et allemandes sans encombre. Il avait passé la nuit dans la voiture, au fond d’un chemin forestier désert et ce matin, il était de retour sur cette falaise qui dominait le Rhin. À l’aller, il avait repéré le mot Lorelei sur la carte et il avait eu envie de la voir. La Lorelei, il l’imaginait aussi blonde que Ruslana, blonde comme les champs d’Ukraine sous l’ardent soleil de juillet. C’est en découvrant l’imposant 4X4 sur le parking du cabinet médical qu’il avait eu cette idée. Il sortit lentement du véhicule et s’éloigna de quelques dizaines de mètres vers le chemin qui menait à travers bois au pied de la falaise. Il déposa le sac à dos qui contenait le butin contre le tronc d’un sapin et revint sur ses pas. Il releva le col de son blouson sur ses joues et s’attarda encore un instant devant le panorama de légende qui s’offrait à lui. Tout était calme. À peine dans le lointain, le bruissement du vent dans les arbres, les croassements d’une bande de corbeaux en quête de nourriture et les aboiements d’un chien, quelque part en contrebas. Sons rouges et noirs de l’automne. Il se planta à distance du tout terrain et enflamma le chiffon de son cocktail Molotov. Il le lança par la portière du conducteur restée ouverte et s’éloigna aussitôt en courant. L’explosion déchira soudain la quiétude du lieu et en quelques secondes, l’arrogant Range Rover ne fut plus qu’un immense brasier. Voilà, se dit-il en contemplant son œuvre, comme ça, tout le monde saura.
Bientôt, un second extrait...


2 commentaires:

  1. Bonjour,

    J'ai terminé ce jour "Requim pour un toubib". Pas mal du tout. J'ai trouvé intéressant la "double enquête" - menée par Kabbalevski (tiens, encore un polonais des corons...) et sa journaliste préférée.
    Les liens qui les lient, la concurrence, le donnant-donnant, c'est vraiment très bien fait.
    Les descriptions, les situations et l'analyse des comportements humains y font au final assez bonne figure.

    Chrisd.

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  2. Bonjour Chrisd

    Merci pour ce retour concernant le second polar d'Eric Lefebvre. Merci également de suivre notre collection Riffle Noir!

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