Yvon Le Roy
est l'auteur
du Groupe Upsilon et de Louise...
Dernièrement, il a eu le retour dans sa boîte mail d'une lectrice de Louise...
Bonjour Yvon, (...) c' est très captivant et je me suis laissée prendre par cette enquête ; pour moi tout est bon , même le titre !! (...) cette intrigue concoctée au coeur de la fac, c' est original !! (.... ) l' histoire m 'a prise autant par son originalité que par les qualités d' écriture , une fois commencé , on ne lâche plus ton roman !! bravo ! Prends ton temps pour en créer d' autres.Jocelyne, avril 2014
Ce retour de lecture enthousiaste et enthousiasmant nous a donné envie de vous replonger du premier roman policier d'Yvon le Roy Le groupe Upsilon avec un 3eme extrait !
Revenu à la propriété
pour reprendre la moto, l'heure avançant dans l'après-midi, Paul
n’eut pas envie de rentrer, de faire la route le soir. Le moral
dans les bottes, il ne se résolvait pas à partir.... Au mieux, il
lui ne faudrait quatre heures avec de courts arrêts pour rentrer.
Mais pour se retrouver seul, dans son studio à se ronger les
sangs... À quoi bon !
Depuis le coup de
bambou qu’il avait pris en apprenant la disparition des filles, il
se sentait vidé, épuisé, réalisant que tous les efforts qu’ils
avaient fournis Léa et lui étaient vains.
Maintenant il ne
parvenait pas à imaginer sa vie sans elle, si par malheur... Il ne
voulait pas y penser...
Il fallait aussi qu’il
mange. Depuis son arrivée, il avait faim, malgré les circonstances.
Assis sur le perron, il attendrait qu'Elsa revienne du commissariat
pour se restaurer et décider d'un départ... Peut-être... Selon ce
qu’elle dirait. Il hésitait aussi à la laisser seule, sans savoir
au juste pourquoi, réalisant qu’il n’avait pas envie de bouger
sans elle. Il voulait s'occuper pour ne pas gamberger. Comment aider
Elsa, le commandant Schüler, comment les aider à retrouver les
filles...
Que pouvait-il faire ?
Aller seul à Bruxelles ?
Non ! Qu'irait-il y faire... Ou bien y partir avec Elsa...
L’accompagner ? Pour lui être utile… Mais parviendrait-il à
la convaincre... Makhlouf en serait furieux, mais si les filles
avaient pu être repérées, puis enlevées, Elsa pouvait l’être
aussi et courir un risque en y allant seule !
Lorsque celle-ci revint
à la propriété, elle fut surprise de le trouver sur les marches du
perron. Gert Schüler prévenant l'avait fait reconduire par un
policier qui lui laissa son 4x4 Mercedes banalisé.
Paul fut surpris de le
voir repartir avec la voiture de location d'Elsa. Il l'interrogea.
- Pourquoi
embarque-t-il ta bagnole ?
- Parce qu'il craint
qu'elle ne soit déjà repérée. Peut-être que les ravisseurs y ont
mis un traceur. Nous étions surveillées : ils savent que nous
sommes trois, depuis la sortie du resto où nous soupions hier soir,
après le coup de fil à Stavinski. Le policier va l’inspecter,
puis la rendre au loueur.
- Tu vois que tu es en
danger, toi aussi : j'ai décidé de partir à Bruxelles avec
toi !
- Il n'en est pas
question. Makhlouf va te tuer !
- Je m'en fous. Tu
auras peut-être besoin de moi. Je ne vais pas glander dans mon
studio à m’arracher les cheveux, sans savoir ce qui se passe. Je
préfère venir.
- Je te comprends, mais
si je te laisse faire, c'est Makhlouf qui va me tuer !
- Tant pis ! On
lui expliquera.
Elsa lui adressa un
sourire d'approbation, montrant qu’elle appréciait son geste. Elle
ne serait pas seule sur le trajet. Ça lui plaisait tout en la
rassurant : ils passeraient pour un couple.
Après avoir mis la
moto dans le garage et fermé la propriété du mieux possible, ils
partirent. Paul convainquit facilement Elsa de lui laisser le volant.
Elle n'aimait guère conduire ce genre de mastodonte et aurait la vue
libre pour surveiller leurs arrières. Un silence lourd de tension
s'installa entre eux. Leurs pensées galopaient dans leurs têtes
tandis que la route défilait. Elsa le regardait conduire, avec la
mine compatissante qu’il lui connaissait, depuis l'annonce de la
maladie de Michèle Destours. Sa grande sœur ! Voilà ce
qu'elle était devenue !
Arrivés dans les
faubourgs de Bruxelles, la circulation ralentit. Des bouchons de fin
de journée s'étaient formés vers le centre. La voiture avançait
par intermittence, en changeant de file au gré de la sortie des
véhicules quittant la voie rapide.
Un moment, ils se
trouvèrent sur la même file qu'un véhicule peu courant, que Paul
identifia être une Lotus. Pour une coïncidence, c’en était une !
Deux voitures les en séparaient encore. Pris d'une intuition
soudaine, Paul changea de file afin d'en apercevoir le conducteur.
Elsa comprit tout de suite le but de sa manœuvre.
- Tu n'es pas fou...
Qu'est-ce que tu fais ?
- Stavinski conduit une
Lotus noire, n'est-ce pas... C'est Makhlouf qui te l'a dit. Ce salaud
est peut-être là, juste devant notre nez, à notre portée !
- Ne fais rien, s’il
te plaît... Il faut d'abord vérifier si c'est lui ! Que
veux-tu entreprendre ?
- Je vais juste me
rapprocher pour savoir. Tu dois connaître sa tronche, depuis que tu
compulses les dossiers avec Makhlouf. Si c’est lui, on a une
occasion unique, incroyable, inespérée même, de l'arrêter. Et tu
voudrais la laisser passer ? C'est toi, le flic et tu es armée !
- Je te comprends, mais
il faut voir, ne pas se précipiter. Ce n’est pas si facile
d’arrêter quelqu’un !
- Nous sommes deux et
lui est tout seul...
- Pas si sûr ! Tu
oublies sa garde rapprochée. Avant de commencer, dis-moi comment tu
comptes t'y prendre... Nous sommes entourés de véhicules. Il ne
s'agit pas de tirailler tous azimuts et nous ne sommes pas en France.
Pas de bavures, Paul : je risque mon job et peut-être nos
vies ! Alors, du calme...
- Je ne vais menacer
personne. Imagine seulement un banal accident : je me mets
derrière lui et je freine un peu trop tard quand ça ralentit. Ça
peut arriver, non ? J'esquinte sa belle caisse avec mon
pare-chocs blindé. Comme je suis désolé pour sa bagnole, je
descends pour voir les dégâts. Il sort furieux pour voir l'état de
son coffre, mais pense que c’est involontaire et que je maîtrise
mal cet engin, puisqu'on est entourés de véhicules. Toi, tu sors de
ton côté, avec ton flingue planqué et tu lui parles en allemand en
lui demandant de sortir à la prochaine pour faire un constat. Tu
proposes même de monter dans sa caisse, pour ne pas bloquer le
trafic. Tu lui fais du charme. Il te trouve mignonne et accepte. Moi,
je remonte dans le 4 x 4 et je ne te lâche plus. Le reste, c'est à
toi de faire...
- T'es complètement
cinglé. Le pire est que ça peut marcher. Makhlouf va me tuer !
...Tu ne le fais que si c'est vraiment lui, hein ? Et puis...
j’accepte pour Léa : je lui dois au moins ça. Je n’ai pas
été assez prudente ce matin. Si je monte dans sa caisse, tu me
suis, tu ne me lâches plus, ok ? Putain, Makhlouf va me
tuer.... J’espère que ça marchera... Attends !
Auparavant, je dois m'assurer qu'il n'est pas sous protection.
Makhlouf nous a dit que la police le tiendrait sous surveillance,
mais il peut aussi être suivi par ses gardes dans un autre véhicule.
Continue de rouler près de lui pendant que je contrôle les
alentours.
Ce manège dura encore
près de cinq minutes pendant lesquelles Elsa scruta attentivement
toutes les voitures autour de leur véhicule, pour détecter
d’éventuels suiveurs. En roulant posément, Paul se fit oublier
dans une file distincte. Dans l'intervalle, ils purent formellement
identifier Stavinski. Ils tenaient là une chance inouïe de le
coincer, en espérant que sa garde serait loin. Quand Paul engagea
l'action, Elsa sur le qui-vive scrutait de tous côtés, consciente
de transgresser toutes les règles de prudence et toutes les
procédures...
Le choc fut plus brutal
que Paul ne l’aurait souhaité et le surprit. Il descendit
immédiatement, inquiet des dégâts. Stavinski furieux et stupéfait
l’imita sans méfiance. Sans parler, Paul fit de grands gestes pour
excuser son étourderie, comme s’il était muet. Elsa sortit à son
tour, pour excuser sa maladresse et proposer une réparation. Elle
commença son numéro de charme. Stavinski y mordit et consentit à
la faire monter.
Tout paraissait se
dérouler comme prévu quand, à la sortie sur la bretelle, la Lotus
se mit à prendre de la vitesse pour distancer le 4x4.
Paul accéléra pour la
rattraper, mais prit du retard. Que voulait faire Stavinski ?
Avait-il compris le stratagème ? Paul eut l'impression soudaine
qu'il jouait son va-tout en prenant la fuite.
Dans la Lotus, Elsa
garda son calme jusqu'à la bretelle, expliquant au conducteur
qu'elle n'aurait jamais dû laisser son frère conduire son véhicule.
Il n'en avait pas assez l'habitude, surtout dans les bouchons... Au
début, l'histoire sembla admise, puis Stavinski devint méfiant
quand Elsa lui posa des questions sur sa profession. Il flaira un
piège et accéléra dès la sortie. Apercevant le vaste parking vide
d'un supermarché, Elsa sortit son arme en exigeant d'y entrer sans
tarder.
Il obtempéra tout
d'abord, mais une fois sur le parking, il tenta de la désarmer, sans
y parvenir. A la place, il eut droit à un bon coup de crosse sur la
tempe et un coup de poing dans le bas ventre, ce qui lui fit faire
une embardée, passant de justesse à côté de l’un des rares
pylônes d’éclairage. Finalement il obéit et s'arrêta. Elsa
coupa le contact et prit les clés.
- Maintenant,
qu'allez-vous faire de moi ? C'est ma voiture que vous voulez ?
Allez-y, prenez-là !, dit-il en français.
- Mettez vos mains sur
le volant. Ne bougez surtout pas. Restez tranquille et attendez !
Elsa n’aurait pas dû
lui répondre dans cette langue... Il comprit instantanément :
tandis qu’elle le pointait de son arme, il se pencha en avant pour
actionner un bouton dissimulé sous le tableau de bord. Alors il
reçut un second coup de cross. Elsa comprit qu’ils seraient
bientôt en danger. Paul arriva enfin et s’éjecta du 4 x 4 au
moment où Stavinski tentait une sortie. Le jeune homme le stoppa en
lui claquant la portière sur les jambes, le temps qu'Elsa fasse le
tour pour l’assommer une nouvelle fois. L'homme s'écroula à
terre.
Des gens, au loin,
témoins de la scène, pensant assister à un car-jacking,
s'arrêtèrent pour prévenir la police.
Paul ouvrit le coffre
du 4x4 pour y déposer Stavinski. Puis ils prirent la fuite comme des
voleurs en roulant à vive allure sans choisir de direction, pour
mettre le plus de distance entre eux et le parking. Elsa essaya
plusieurs fois de prévenir Makhlouf du coup de main réussi. Après
plusieurs tentatives, elle finit par l'obtenir.
- Vous avez fait
quoi ?, hurlait-il dans l’appareil...
- Nous avons eu
Stavinski : il était dans sa Lotus sur la même route que nous…
- Vous êtes totalement
inconscients ou quoi ?
- Oui, je sais... Nous
devions attendre que les otages soient en lieu sûr. Schüler sera
furieux.
- Tu t’expliqueras
avec lui ! Hé bien sûr, Paul est avec toi... Nom de Dieu !
J'en ai marre de vos conneries !
- Ne te fâche pas,
Momo ! On a réussi un beau coup. C’est le hasard qui l’a
mis sur notre route. Maintenant, on a une monnaie d'échange pour
récupérer les filles, non ?
- Peut-être, mais
seulement si tu parviens à arriver entière jusqu'ici : vous
cumulez les conneries ! Si tu t'en sors, tu ne t'occupes plus de
rien, d’accord ? Tu laisseras faire les pros. Je te rappelle
que tu n'es que lieutenant stagiaire, que tu n'es pas encore
titularisée...
- Ça, c’est très
mesquin, un coup bas indigne de toi... Et puis d’abord, je m'en
fous : Léa est retenue prisonnière de ma faute. C’est ça,
le plus important. Nous devons l'en sortir !
- Essaye d'abord de
sauver ta peau et celle de Paul… Maintenant, écoute-moi bien :
tu mets les coordonnées du texto que je t'envoie sur ton GPS et tu
ramènes tes fesses ici à toute allure... Si l'escorte de Stavinski
t'en laisse le temps... Quoiqu'il arrive, reste toujours en ligne, ne
raccroche pas. Nous allons vous suivre grâce à ton portable. Je
vais demander qu’on t'envoie des renforts.
- Nous sommes dans le
4x4 Mercedes prêté par la police allemande, pas dans le véhicule
de Stavinski... Pourquoi veux-tu que les Russes nous trouvent ?
- Parce que Stavinski a
certainement sur lui, un traceur que ses gardes peuvent suivre. Ils
vont vous trouver, s'il a déclenché l'alarme de la voiture.
Arrêtez-vous une minute et prenez le temps de le fouiller, si vous
ne voulez pas finir en passoire...
La peur au ventre, Paul
stoppa la voiture. Stavinski inconscient, sortait à peine de son
engourdissement. Dans son énervement, Elsa l'assomma à nouveau pour
qu'il leur foute la paix. Ils trouvèrent le traceur, après avoir
arraché la doublure de sa veste. Paul le jeta dans la benne d'un
camion de gravats qui passait et ils repartirent vers le centre,
soulagés, en suivant les coordonnées de la police belge. Ils
étaient sauvés. Du moins, le croyaient-ils ! L’arrêt leur
avait fait perdre un temps précieux, que les gardes avaient mis à
profit pour se rapprocher de leur véhicule et les identifier !
Paul venait à peine de
redémarrer qu'Elsa lui demanda de changer de file le plus possible.
Cette fois, sans doute possible, ils étaient pourchassés. S'en
suivit une course folle dans les rues de Bruxelles, jusqu'à ce que
la police prenne en chasse leurs poursuivants. Lorsqu’ils
parvinrent au centre de commandement de la police, ils étaient
épuisés, mais contents d’eux.
Quand Makhlouf les
accueillit, Paul eut droit à une réprimande cinglante :
- Toi, je ne te parle
plus : tu as mis ta vie et celle d'Elsa en grand danger... Sans
compter celles des hommes qui vous ont porté secours. Tu ne perds
rien pour attendre !
Paul n'osa plus le
regarder et se fixa sur Elsa, toute pâle mais heureuse de retrouver
son coéquipier. Elle prit la défense de son chauffeur.
- Tu sais, il assure le
petit ! Surtout au volant ! Même pas une égratignure !
Je n'aurai pas fait mieux que lui !
- Toi, tu te tais, je
te réserve un traitement spécial... On réglera ça… en privé.
Le grand patron va te remonter les bretelles… Vous vous en tirez
bien, mais... Bordel de merde, ce que j'ai eu peur !
… Heureusement pour vous qu’aucun policier ne fut blessé...
Et maintenant, Paul, après tes exploits, tu vas me prendre un train
pour rentrer chez toi. Fissa !... Vas bosser dans ton
usine, ça te changera les idées ! Merde alors !...
Euh... Si tu vois Toury, pas un seul mot de tout ça, compris. T'as
même de la chance qu'on ne soit pas en France, sinon je t'aurai
collé au trou pour t’apprendre à respecter les ordres ! Va,
mon gars. On s'occupe de Léa.
Avant de partir, Paul
embrassa Elsa qui lui rendit son accolade, contente qu’ils se
soient bien entendus sur ce coup-là. Makhlouf faisait la gueule sans
sortir de son mutisme. Il leur parut soucieux. Lui savait que
l’adversaire ne leur ferait aucun cadeau, que les chances de
retrouver les filles vivantes s’amenuisaient, après ce coup de
force : les russes n’appréciaient pas qu’on leur résiste.
Makhlouf est bien
gentil, mais qui va me ramener la moto laissée à Aix ?,
pensa Paul en se dirigeant vers la gare centrale. Personne n’avait
pensé à son moyen de transport. En les quittant, il opta encore
pour la désobéissance.
Vous souhaitez rencontrer
Yvon Le Roy et Louise ?
Leurs dates et lieux de dédicaces sont >>>> ICI
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