vendredi 21 juin 2013

Rouge Cristal : la quatrième enquête de Jacobsen et de Corinne Maresquier



Avec Rouge cristal, Dirck Degraeve vous livre le quatrième volume de la série Jacobsen-Maresquier dans le cadre de sa ville fictive : Saulmères.

La quatrième enquête de Jacobsen est ancrée dans la réalité économique et sociale du Nord-Pas-de-Calais.

Quels sont les secrets jalousement gardés de la famille Dupont propriétaire du site industriel de l’immense verrerie du groupe Saulver ? Quelle obscure vengeance se dissimule-t-elle sous le couvert des exactions et des crimes du groupe terroriste NORD-ROUGE? 

 



Avant Rouge cristal

Saulmères et...




Dirck Degraeve explore au fil de ses histoires la résurgence du passé, les relations hommes/femmes, la corruption, la course aux élections, les perversions de l’âme humaine et les dérèglements de notre société et de ses valeurs.

Saulmères est la ville, le décor de l’action. Elle est une cité du Nord, fictive mais qui ressemble à toutes les villes moyennes de la région. Saulmères s'inspire de Saint-Omer. Elle est le personnage principal de l'univers littéraire de Dirck Degraeve après le couple Corinne-Jacobsen.

Si chacun de ses romans policiers reflète un aspect particulier du Nord; Passé mortel, Marais noir et La Mort au détail (ainsi que Rouge cristal) n’en demeurent pas moins des enquêtes policières classiques où l’intuition et l’action tiennent une large place.

Ils sont rythmés par des références aux goûts musicaux des acteurs. Ces leitmotiv ( classique, jazz, variétés et rock ) accompagnent l’évolution de l’intrigue et en accentuent les aspects les plus poignants ou les plus dramatiques. 


 Le coupable de Rouge Cristal s'appelle


NOM:    Degraeve
PRÉNOM: Dirck
ÂGE:    55 ans


Passé:

Dirck Degraeve entre dans la fiction en 2005 avec Ces Êtres Chers (éd. Thélès) après une thèse de doctorat sur Roger Martin du Gard ainsi qu’un essai sur Jules Romains (éd. Droz). 

Il poursuit ses délits littéraires un an après aux éditions du Riffle avec Mots de passe.

Passionné par les Nordiques ( Mankell en particulier ) et les Anglo-Saxons ( Peter Robinson, E Georges, P D James entre autres ), Dirck Degraeve rédige ses récits dans une langue claire qu'il veut élégante. Il aime accorder une part importante à la psychologie et à la vie intime de ses personnages. 


Délits bibliographiques:

Aux Éditions du Riffle:

Dans la collection Riffle noir

Marais noir (2009)
Passé mortel (2007)

Dans la collection blanche du Riffle
Mots de passe (2006)
Deux mois en été (2009)



Dans la collection Riffle nord
Mots de passe (2012)
Farandole (2010)
Farandole est une compilation de nouvelles parues au Riffle en 2007 sous les titres La Solitude d’une femme et Quand le miroir se brise.

Chez d’autres éditeurs:
Ces êtres chers (2005) aux Éditions Thélès
La part du Mal : Essai sur l'imaginaire de Jules Romains dans Les hommes de bonne volonté (2003) aux éditions Droz

Prix:

Prix littéraire 2011 de la ville de La Bassée pour La fileuse d’ombre.

Prix du Lions Club 2009 pour Passé mortel.



Rouge cristal

L'annonce de désordres
et
de catastrophes à venir ?


PRINTEMPS 2008.
Après la mort du grand patron du groupe Saulver, l’immense verrerie qui est devenue le bastion industriel du bassin de Saulmères, les héritiers réduisent drastiquement les effectifs et s’apprêtent à délocaliser l’essentiel de la production.
La colère gronde et des manifestations s’organisent.
C'est dans ce contexte social troublé que le rédacteur d’une revue anarchiste est assassiné. Le meurtrier s’est emparé de l’ordinateur portable de la victime contenant des informations confidentielles sur la famille Dupont, propriétaire du site industriel.
Jacobsen et Corinne Maresquier sont chargés de l’enquête. 
Les choses se compliquent quand un groupe terroriste, NORD-ROUGE, s’en prend aux cadres de Saulver et menace les Dupont. Tout dans leur mode opératoire rappelle le groupe Action Directe, de sinistre mémoire.
Une unité anti-terroriste débarque alors à Saulmères avec le juge Brunière, renvoyant les policiers locaux sur une affaire de second plan: la mort suspecte d’un adepte du tansvestisme. La victime n’est autre que le mari de Jeanine Chifflart, la collaboratrice et amie de Corinne Maresquier.
Seul Jacobsen a compris que les fils de cet imbroglio sont reliés et que les blondes qui arpentent à la nuit tombée les rues de la ville sont à la recherche de l'ordinateur du rédacteur de la revue anarchiste devenu objet de toutes les convoitises...


Rouge Cristal

Les forces en présence



Jacobsen et Corinne Maresquier


Jacobsen : l'auteur lui a attribué beaucoup de ses goûts (même s'il a mis un peu de lui-même dans tous ceux qu'il a créé). Jacobsen est un flic atypique qui a choisi la police par défaut alors que ses goûts le portaient vers la musique. Flic désabusé, il est amateur de littérature et de musique classique.

Jacobsen fait partie
des


Corinne Maresquier : Capitaine de police et mère d'une petite fille, Alicia. Sa vie sentimentale est une succession de galères avant qu’elle ne rencontre Jacobsen. D’un caractère entier et difficile, elle est jalouse et parfois volage.


Du côté des autorités



Nicole Rotrou : juge d’instruction, amoureuse de Jacobsen. Passionnée de jazz et alcoolique à ses heures, elle est l'héritière d’un domaine réputé à Cognac

Tiphaine Normand-Crozier : commissaire. Elle remplace le commissaire Lechantre, parti en retraite. Personnage peu sûr d’elle, elle est jalouse de l'autorité de son prédécesseur.


André Brunière : juge spécialisé dans la répression du terrorisme.



Du côté des anarchistes


 
Serge Mendès : rédacteur en chef de la revue Le Rat Musqué

Toni Ghebart : ami et collaborateur de Mendès
 
Helena Ronconi : enseignante et militante d’extrême-gauche. Compagne de Mendès.

Emile Parent, Frédéric Leprêtre, Bénédicte Barrère et Jean-Baptiste Verlan : tous quatre membres du groupe du Rat Musqué

Paul Brossette : professeur de philo, ex-mentor du groupe du Rat Musqué.

Du côté des affaires



 
La famille Dupont : 

Charles-Antoine Dupont: fondateur de la verrerie de Saulmères. Décédé avant le début du récit)

Félicien, Fanny, Max et Etienne : enfants et héritiers de Charles-Antoine)

Gontran d’Harcourt : mari de Fanny et PDG de l’entreprise, il est autoritaire voire tyrannique en apparence.


Du côté de Jacobsen

 

Fifi Marquilly : marginal et indicateur de Jacobsen.


Saunders : patron du Lys de l’Aa, une boîte de nuit douteuse. Aide parfois Jacobsen quand celui-ci franchit la ligne jaune.  Par perversion peut-être ? Ou plaisir de voir un flic contourner comme lui la loi ?





samedi 15 juin 2013

Rouge cristal : deuxième extrait

Avec Rouge cristal, Dirck Degraeve vous livre le quatrième volume de la série Jacobsen-Maresquier dans le cadre de sa ville fictive Saulmères.

 
La quatrième enquête de Jacobsen est ancrée dans la réalité économique et sociale du Nord-Pas-de-Calais.

 
Quels sont les secrets jalousement gardés de la famille Dupont propriétaire du site industriel de l’immense verrerie du groupe Saulver ? Quelle obscure vengeance se dissimule-t-elle sous le couvert des exactions et des crimes du groupe terroriste NORD-ROUGE ?
 
 
 
Rouge cristal
Extrait 2

  Je reprends. Elle le fixa de ses yeux d’un bleu lumineux, des yeux de petite fille naïve, songea-t-il, pour s’assurer de son attention. On vient de nous annoncer l’assassinat d’une certain Serge Mendès, rue du Sautoir. Vous voyez où elle se situe ? Elle est perpendiculaire à la rue de Lille et bordée de logements plutôt délabrés soit dit en passant. Elle semblait fière d’étaler sa connaissance récemment acquise de la ville. L’un d’entre vous a-t-il déjà entendu parler de ce type ? 
 
  – Je crois qu’il édite une sorte de libelle bimensuel de tendance anarchisante, répondit Jacobsen jouant au bon élève, Le Rat musqué ou quelque chose d’approchant. 
 
  – En effet, commandant. Il a été retrouvé par son amie, poignardé dans une pièce du rez-de-chaussée qui lui servait d’atelier. C’est elle qui nous a prévenus. Ils ne vivaient pas sous le même toit, probablement par respect de la liberté de chacun. Bref, une affaire sensible. Ce genre d’activité, l’agitation politique, ne me dit rien qui vaille, surtout en ce moment.
 
– Vous voulez parler des difficultés de Saulver-International ?, intervint Corinne. Il y a eu une manif devant le cimetière, le jour des funérailles du patron. 
 
– Un groupe d’agités sans envergure et dénué de toute légitimité. Les mesures concrètes sont négociées avec des syndicalistes responsables. Elle esquissa un vague geste de mépris comme si ces problèmes sociaux dégageaient des relents fétides ou lui rappelaient de mauvais souvenirs. Le dernier numéro de cette... revue, Le Rat musqué, s’en prenait violemment à la famille Dupont, avec des propos particulièrement insultants envers les descendants. J’espère que ce crime a été commis par un marginal, une querelle entre les membres du groupe, sinon... Enfin, ne nous perdons pas en conjectures. Avant de vous lâcher dans la nature, je voudrais vous parler quelques instants, commandant.

Les autres sortirent dans le raclement des chaises repoussées et gagnèrent le parking pour prendre un véhicule. Normand-Crozier et Jacobsen se firent face, dans un silence pesant. Le pigeon battit soudain des ailes et s’envola, la scène ayant manifestement perdu tout intérêt pour lui. La commissaire semblait perdue dans la contemplation d’un cadre qui était posé devant elle. On y distinguait la photo de deux enfants, un garçon et une fille. Elle s’éclaircit la voix et commença, en ponctuant ses phrases de gestes énergiques de sa main gauche dépourvue d’alliance.

– Vous avez acquis une certaine célébrité à Saulmères, commandant, si, si, inutile de le nier. Vos récents succès... Une réputation usurpée à mon avis. En relisant les rapports de vos exploits – elle appuya sur le mot – j’ai constaté qu’il y avait... des zones d’ombre, des points non élucidés. Lechantre se contentait des résultats. Il était de la vieille école, peu regardant sur les méthodes. L’IGPN n’a rien trouvé de concluant, je l’avoue. Mais je veux, vous m’entendez ?, je veux que tout se déroule au grand jour, dans le respect le plus strict de la déontologie. Avec moi, vous n’en ferez pas qu’à votre tête, je vous préviens. Je suis tenace. Vous me rendrez compte de toutes vos initiatives, sans rien omettre. Dans le cas contraire, je serai sans pitié. Tenez-le vous pour dit.

Il avait croisé les jambes et souriait d’un air contrit, comme s’il était en plein accord avec ses exigences. Elle détestait cette attitude faussement respectueuse, empreinte d’ironie. Ce type lui semblait ingérable par certains côtés. Elle le soupçonnait en outre de connaître en détail le labyrinthe laborieux de sa carrière. Après un cursus universitaire interrompu au bout d’un an de droit, elle avait gravi un à un tous les échelons, depuis ses débuts modestes de gardien de la paix à Roubaix jusqu’à son admission tardive à l’école des commissaires à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. Ce parcours la complexait et l’incitait à nourrir une méfiance instinctive envers un Jacobsen dont la culture était la seule qualité qu’on lui reconnût sans discussion.

– Je ferai comme bon vous semble, concéda-t-il. Ne vous attendez pourtant pas à un dénouement rapide, à une affaire réglée sans le moindre remous. Accordez-moi le bénéfice de la connaissance du terrain. La situation sociale vire à l’aigre à Saulmères. Je ne dis pas que ça peut expliquer ce meurtre mais je gage que ça ne peut qu’envenimer les choses.

– Raison de plus pour qu’on se serre les coudes et qu’on verrouille la procédure. Elle esquissa un sourire et, derrière la sévérité de rigueur du chef, apparut le visage enjoué d’une femme séduisante, avide peut-être de rattraper le temps perdu et de mordre la vie à belles dents après les sacrifices consentis aux promotions.

L’accès à la rue du Sautoir leur imposa un itinéraire tortueux, ponctué par la traversée du Quai-au-sel encombré par les camions de livraison et un trafic déjà dense puis la remontée de la rue de Lille. Elle était en sens interdit après deux cents mètres mais Moreau enclencha la sirène et le gyrophare et déboucha dans la venelle en freinant sèchement afin de ne pas emboutir les véhicules garés devant une façade assez large, couverte d’un crépi pisseux tavelé de plaques brunâtres de crasse et de moisissure. De chaque côté de la porte vitrée, deux baies, enduites à mi-hauteur de peinture blanche pour que les passants ne voient pas ce qui se passait à l’intérieur, révélaient l’ancienne échoppe de quartier, hypothèse confirmée par une enseigne rouillée en forme de bouclier où l’on distinguait encore le mot “cordonnier”. La circulation était momentanément détournée. Des agents, l’IJ, le légiste avaient pris possession des lieux. Un brigadier les laissa franchir le seuil en tournant la poignée de sa main couverte d’un gant de protection.

– Le cadavre est à deux ou trois mètres de l’entrée, les prévint-il. Faites attention.

Gantois était accroupi près du corps allongé sur le dos d’un homme d’une quarantaine d’années, grand, maigre, le visage livide mangé par une barbe noire précocement mêlée de gris et encadré par une longue chevelure qui s’étalait à même le sol. De fines lunettes à monture dorée dont l’élégance contrastait avec la veste et le pantalon de toile bleue, des vêtements d’ouvrier, avaient roulé à côté de lui au moment de sa chute. Stalloni et deux de ses techniciens s’affairaient, relevaient des empreintes, prélevaient des fibres, des cheveux, exploraient minutieusement le carrelage à l’aide d’instruments mystérieux pour Jacobsen qui avait la technologie en horreur et se fiait davantage à son intuition qu’à un laser. Gantois se redressa pour le saluer et désigna la poitrine de Mendès d’où émergeait le manche d’une espèce de stylet ou de coupe-papier.

– Un seul coup, d’une extrême violence, avec une lame acérée qui devait traîner sur la table. En plein cœur, entre les côtes. Mort instantanée. L’assassin n’a même pas pris la peine de retirer l’arme de la plaie.

– Une idée de l’heure ?, lança Jeanine qui examinait la scène de l’extérieur.

– Hier soir, entre vingt-et-une heures et minuit, mais on en saura plus après l’autopsie. D’après son amie, il soupait régulièrement vers vingt heures. L’analyse du contenu de l’estomac peut s’avérer décisive. Le sol est froid malgré la saison. Ça peut avoir des conséquences non négligeables sur la température du corps et sa rigidité.

– Un laps de temps intéressant, intervint Corinne. Il fait encore clair à vingt-et-une heures. Un voisin a pu apercevoir quelqu’un sortir en vitesse.




mercredi 12 juin 2013

Rouge cristal : le prologue

Avec Rouge cristal, Dirck Degraeve vous livre le quatrième volume de la série Jacobsen-Maresquier dans le cadre de sa ville fictive Saulmères.

La quatrième enquête de Jacobsen est ancrée dans la réalité économique et sociale du Nord-Pas-de-Calais.


Quels sont les secrets jalousement gardés de la famille Dupont propriétaire du site industriel de l’immense verrerie du groupe Saulver ? Quelle obscure vengeance se dissimule-t-elle sous le couvert des exactions et des crimes du groupe terroriste NORD-ROUGE ?



Rouge cristal
Le prologue


Le cimetière des Brandes offrait un spectacle inaccoutumé en ce jeudi 3 avril 2008.

Une foule grouillante s’y pressait pour assister, sous une pluie fine, au dernier acte des funérailles de Charles-Antoine Dupont, le plus important chef d’entreprise du Pas-de-Calais, fondateur et Président du Directoire de Saulver-International. Il avait transformé l’usine de son père, destinée à la fabrication de pots à conserves, en un véritable empire du verre et du cristal qui étendait ses ramifications en Chine, en Turquie, aux Etats-Unis et au Moyen-Orient.

Le complexe originel de Saulmères employait encore plus de dix mille personnes malgré la crise et la rage de délocaliser qui avait saisi le patronat français depuis plus d’une décennie. Des files de voitures sombres, berlines massives frappées de logos germaniques, étaient garées des deux côtés de la route qui grimpait vers l’entrée, aux grilles grandes ouvertes.

Devant le monument funéraire que Charles-Antoine Dupont avait érigé pour lui-même et sa descendance, majestueux mausolée de marbre noir, blanc et gris, qui semblait vouloir rivaliser avec la flèche élancée de la cathédrale visible à l’horizon dans des traînées de brume, se serraient les proches et les autorités saulmériennes.

Henri Maresquier, le nouveau maire, élu au premier tour le 9 mars après le long règne de Léonce Lagneau, se pavanait en saluant discrètement ses innombrables connaissances dans ce milieu huppé qui, malgré son étiquette PS, demeurait le sien et qu’il avait eu le bon goût de ne pas renier. “Elu mais pas déchu”, comme il aimait à le répéter. De-ci de-là, des gens simples, retraités, ouvriers, généralement âgés, engoncés dans des costumes démodés devenus trop étroits ou trop larges, étaient venus rendre un dernier hommage au grand patron qui appelait certains d’entre eux par leur prénom et les saluait familièrement quand il les croisait.

“Monsieur Charles” avait été la providence de ses subordonnés, le bienfaiteur des quartiers-est de la ville où se succédaient ses innombrables lotissements, associations et clubs sportifs. Ils étaient parmi les plus émus, ces gagne-petit, bouleversés par la perte d’un homme qui les avait nourris et exploités, sans les mépriser pour autant.

Ses enfants bénirent à nouveau le cercueil et se recueillirent pour écouter les ultimes prières des desservants. Ils s’étaient alignés par rang d’âge, soucieux peut-être de respecter une logique familiale dont le garant venait de disparaître.

Félicien, l’aîné, la chevelure poivre et sel emmêlée, portait encore le deuil de son épouse, morte dans un accident de voiture plusieurs années auparavant. Sa sœur Fanny, revêche et altière, le dominait de sa haute taille. Elle ressemblait à leur mère, disparue depuis longtemps. Son mari, Gontran d’Harcourt, un petit homme maigre et voûté, assurait désormais la direction du conseil d’administration.

Max était ailleurs, comme d’habitude. Affublé d’un imper à la Columbo, il semblait à peine réveillé d’une nuit de bringue. Il restait séduisant malgré tout, grand, mince, le cheveu noir corbeau. Il reluquait d’un œil expert de célibataire noceur les femmes alentour.

Etienne se tenait légèrement en retrait. Les mauvaises langues le disaient issu d’une liaison extraconjugale de sa mère avec un ingénieur anglais. Son épouse, née de Solanges, insignifiante et d’une beauté un peu fade, se dissimulait derrière son dos, apeurée devant tant de monde.

Ils demeurèrent impassibles tandis que la tombe venait de se refermer sur la dépouille du père et que défilaient devant eux les assistants pour un dernier témoignage de sympathie.

Un rayon de soleil inattendu, jailli de la masse épaisse des nuages bas frôlant le plateau, vint éclairer la scène d’une gaieté printanière.

Chacun des héritiers l’accueillit à part soi, symbole de continuité et de fidélité pour les uns, d’un avenir renouvelé et radieux pour les autres. Tous se sentaient néanmoins soulagés du poids de l’autorité sans partage et parfois brutale de celui qui avait eu sur terre pour unique tâche de commander.

Henri Maresquier, qui venait de présenter ses condoléances, ne pouvait, malgré son entregent, se dissimuler son angoisse. Comme la plupart de ses concitoyens, il redoutait les retombées de cette disparition pour la prospérité de Saulmères.

Les rapaces tournoyaient déjà en un vol lourd de menaces au-dessus des enfilades de hangars, de quais, de structures métalliques et d’ateliers qui s’étaient progressivement déployés le long du canal.

Le cimetière se vidait lentement et la foule s’agglutinait dans les allées obstruées.

De l’autre côté de la chaussée, sur un terre-plein herbeux détrempé où personne ne s’était garé, un groupe de manifestants surveillés par un car de police avaient déplié une banderole rouge ornée d’un slogan cinglant comme le vent froid qui dévalait la pente, “Dupont, sangsues du Peuple”, et braillaient L’Internationale, le poing levé, au grand dam de ceux qui sortaient par grappes pour s’engouffrer dans leurs véhicules luxueux.

Quand les Dupont passèrent non loin d’eux, ils ne leur accordèrent pas le moindre coup d’œil.

Seul Max se retourna et leur décocha un bras d’honneur en éclatant de rire.



 Bientôt, un autre extrait !


lundi 3 juin 2013

À l’origine du groupe Upsilon, un homme : Yvon Le Roy

Dunkerque, printemps 2012...

Une succession de morts accidentelles chez Noresteel laisserait penser à une série malheureuse si elles ne concernaient pas uniquement des ingénieurs faisant partie de la cellule d’innovation Upsilon.

Une jeune informaticienne, Léa Morillon découvre le lien entre les cadres décédés. Elle cherche alors à convaincre Paul Beulin, le fils de l’une des victimes, d’enquêter avec lui pour leur propre compte. Ce dernier accepte en lui révélant l’existence d’un carnet où son père se dévoile sous un tout autre jour...


Si la question se pose de savoir ce qu'est ce fameux groupe Upsilon, une autre question a intéressé nos services :


Qui est son auteur, Yvon Le Roy ?


Révélations...


[Note : les passages entre guillemets sont les propos tenus par l’auteur lors de notre interrogatoire.]

Identité :

Nom : Le Roy (« en deux mots, s’il vous plaît ! »)
Prénom : Yvon
Âge : « Pas la peine d’en rajouter, hein ! Bon... On dira, un âge certain ! »

Né dans le Nord.

Situation maritale : Marié – deux enfants, « comme moi ».


Profession : Ex-enseignant du supérieur ; ex-chercheur pour l’industrie. A travaillé pour l’université (« Laquelle ? Tout le monde va deviner ») et plusieurs grands secteurs industriels, dont la sidérurgie...



Informations complémentaires :

Le prénom et le nom de l’auteur du groupe Upsilon sont d’origine bretonne. « On a le nom qu’on peut. Chose bizarre pour un ch’ti, je sais... Mais je m’y suis attaché à la longue... »


Passé :

Il y a une douzaine d’années, au cœur de sa double activité d’enseignant de l’enseignement supérieur et de chercheur dans l’industrie, se succèdent pour lui deux périodes d’arrêt complet d’activité avec des opérations à douze mois d’intervalle, après qu’il ait frôlé la mort puis la chaise roulante : elles lui font sérieusement reconsidérer sa vie de dingue du boulot, qu’il l’animait jusqu’ici.

Après cette remise en question, en poursuivant son métier d’enseignant, il décide de se calmer, d’entreprendre tout ce dont il avait envie dans sa jeunesse : le dessin, la peinture, l’écriture...

Cependant, il n’oublie pas son passé récent, celui de sa vie industrielle, celle qui l’avait fait vibrer... (l’occasion d’écrire...) mais il espace ses relations avec elle, avec les prototypes, les robots industriels, les machines spéciales...

Autodidacte pour le dessin, Yvon Le Roy prend quelques cours de peinture avec un grand maître : Claude Lacroix, peintre impressionniste – membre de la Société des Artistes à Paris. Ce dernier l’initie à l’art de la composition, des mélanges...
Dans un petit village, près des Monts de Flandre, pas très loin de son lieu de naissance, son temps se partage désormais entre son métier, pour lequel il a dû ralentir, et des activités qui deviennent au fil du temps, celles qu’il aurait toujours voulu pratiquer.

Solitaire, l’auteur du groupe Upsilon goûte les moments où il peut peindre au dehors « sur le motif », comme les « grands », à sa modeste place. Côté dessin et sculpture, il s’intéresse aux travaux d’après modèles vivants, pour lesquels il développe une vraie passion d’écriture graphique, plastique et bientôt littéraire... car c’est aussi l’occasion d’un nouveau projet de roman (« à suivre... »)

Passé artistique et littéraire :

Même s’il aime la solitude, Yvon Le Roy a rejoint voilà huit ans deux associations de peintres, photographes, sculpteurs et poètes, qu’il anime avec d’autres : ALPHA à Hazebrouck et APIRLYS à Lestrem.

Deux associations artistiques où les échanges conviviaux stimulent sa créativité. Les séances, souvent mensuelles, sont l’occasion de lecture de textes originaux et d’échanges à propos de livres lus par les adhérents. Sa production littéraire est alors faite de poèmes, de nouvelles, pour illustrer les thèmes choisis.

Deux expositions d’œuvres picturales ponctuent chaque année, au printemps et à l’automne, son calendrier. Il participe à plusieurs autres expos annuelles (Albert, Armentières, Bailleul, Béthune, St Omer, ...)


Références littéraires :

Les auteurs qui ont marqué Yvon Le Roy sont multiples. En vrac, dans ceux qu'il a lus, et surtout relus depuis son adolescence, on trouve :

Côté Polars : Conan Doyle, Frederic Dard, Simenon, Mary Higgins Clark, Donna Leon, Stephen King, Fred Vargas, ...

Côté romans : les plus marquants furent ceux de Stendhal, Honoré de Balzac, Émile Zola, George Orwell, Isaac Asimov, Frank Herbert, Michel Onfray, Albert Camus, Barjavel, Amin Maalouf...



Compte-rendu d’une partie de notre interrogatoire :


Pourquoi Upsilon ?
« Des tas de raisons... des bonnes et des mauvaises. »
Soyez plus explicite.
« Ah! OK. Par exemple : Tout commence et tout finit par un Y ... C’est le cas de mon nom complet. Ça, c’est pour les mauvaises raisons ! »


[soupir ] [aparté : on n’y arrivera jamais]

Et dans les bonnes ?
« Dans les bonnes ?
La lettre grec Upsilon est l’un des symboles utilisés pour la soudure continue de joints d’acier, au cœur des recherches du groupe. C’est aussi un symbole proche de la nature, à forte connotation humaine dans sa part irrationnelle, voire charnelle (arbre, sexe, embranchement, choix, etc.). Or je voulais que ce roman ne porte pas seulement sur une enquête policière, mais sur des personnages bien vivants, avec un passé et peut-être un avenir... Certains pourraient devenir récurrents... L’avenir le dira. »
Quelles sont vos relations avec l’écriture ?
« Côté écriture ? »

[soupir ] [aparté : Je te l’ai dit, on n’y arrivera jamais]
[aparté : T’inquiète, il est parti à causer…]

Oui, côté écriture.
« J’écris pour moi, surtout l’hiver, des poèmes, des nouvelles. J’ai ébauché ce premier roman, avec les souvenirs de mon passé industriel, riche de personnages rencontrés. Mes lectures m’ont fait aimer aussi la SF. J’ai écrit un roman fleuve de 600 pages A4, pour plaire à mon fils... »
Y a-t-il autre chose que nous ignorons ?
« J’aurai aimé sans doute devenir comédien, mais surtout peintre et sculpteur dès mes 20 ans. Je visite beaucoup de musées, d’expositions et je vais au théâtre quand je le peux. »

[aparté : Tu vois ? Je te l’avais dit qu’il allait cracher le morceau…]
[aparté: Oui... Mais c'est quoi Le groupe Upsilon ?]